Et le procès du jour a pour enjeu le non-paiement de la pension alimentaire. En plus, la maman des enfants a des arguments à faire valoir. Néanmoins, les deux avocats aussi rusés l'un que l'autre vont tenter diversion. Mais le président de la section correctionnelle du tribunal d'El Harrach n'a que l'intérêt des enfants entre les yeux et le verdict entre les phalanges. Ahmed Oussaâdi, le juge du lundi d'El Harrach (cour d'Alger), n'aime pas que l'on se présente devant lui pour humilier l'autre. Il s'est adressé avec beaucoup de pédagogie à une mère de famille qui poursuit son ex-époux pour non-paiement de la pension alimentaire, fait prévu et puni par l'article 330 du code pénal. Or, la bonne dame, enveloppée dans une tenue sombre, khimar noir et robe marron, avait passé plus de trois minutes à casser du sucre sur le dos de Messaoud F., l'inculpé, qui avait l'impression de perdre ses poils sel et poivre de sa barbe collier savamment entretenue en entendant les mots lâchés par l'ex. Ce qui fera alors réagir Oussaâdi qui allait cracher un bon paragraphe sur le respect d'autrui, surtout s'il s'agit du père des enfants. «Madame, vous êtes là pour poursuivre votre ex à propos du non-paiement de la pension alimentaire. Restez-y et laissez de côté la vie privée de monsieur, les enfants, le comportement de votre ex vis-à-vis de ses propres gosses. N'insultez pas l'avenir. Alors si vous avez des demandes à propos de ce qui est dû à vos enfants mineurs, car ceux atteints par la majorité ne sont plus concernés par le versement de la pension alimentaire, sauf s'il y a des filles à prendre en charge par le papa jusqu'au mariage.» La dame fit oui de la tête en ajoutant : «Vous avez raison monsieur le président, je n'aurais pas dû parler avec haine. Je regrette.» Les choses rentrèrent dans l'ordre et viendra le tour des deux avocats, maître Boubakeur Far et maître Djamel Frahtia, d'entrer dans l'arène des plaidoiries. Deux plaidoiries qui laisseront entrevoir que l'ex-époux, le papa, n'était pas si inculpé que le dossier pouvait le laisser supporter, même si Barkahoum Messaoudi avait demandé une peine de prison pour non-paiement de la pension alimentaire. D'ailleurs, il apparaîtra, toujours selon les propos des avocats, qu'il y a malentendu autour des enfants : les majeurs et les mineurs. Et ce sera maître Frahtia de parcourir un passage de l'article 330 loi 06-23 du 20 décembre 2006 et la peine prévue dans ce cas d'espèce va de deux mois à un an de prison et d'une amende. «Nous ne sommes pas pour ces demandes qui relèvent de la compétence de l'honorable représentant du ministère public. Nous sommes ici pour réclamer les fonds des enfants qui n'ont aucune autre ressource pour vivre autre que la pension alimentaire. C'est malheureux d'en arriver là», avait articulé l'avocat d'Alger qui refusera de répliquer à son confrère, maître Far. Oussaâdi réfléchit.