La production de pomme de terre destinée à la consommation a atteint 30 millions de quintaux en 2010. En attendant la récolte de l'arrière-saison, des quantités importantes ont été déstockées des chambres froides pour répondre à la demande nationale. D'importantes quantités ont été en effet décongelées afin de satisfaire d'une part la demande nationale et permettre d'autre part de libérer les chambres froides pour les autres fruits et légumes de saison. Medjber Mohamed, mandataire au marché de gros de la commune des Eucalyptus qui relève de la daïra de Baraki et adhérent à l'association El Amel explique que la pomme de terre ne doit pas rester plus de trois mois dans les chambres froides, qui doivent être destinées à d'autres fruits et légumes, notamment l'oignon qui est cette année en surproduction et doit être préservé. «Les chambres froides travaillent en rotation et il n'y a pas d'intérêt à préserver la pomme de terre toute l'année. Il faut savoir que plusieurs légumes de saison doivent être placés en chambre froide pour les faire mûrir, à l'exemple des pommes, des bananes et des pêches dont une grande quantité est stockée», explique notre interlocuteur, qui affirme que la plus grande partie de ce tubercule disponible sur le marché algérien provient des stocks. Son prix varie entre 20 et 25 DA, alors que la fraîche peu disponible actuellement est proposée entre 27 et 33 DA. Au marché de gros suscité, c'est également le produit décongelé qui règne et qui est le plus prisé par les revendeurs, à cause de ses prix abordables. M. Medjber estime, dans ce cadre, qu'il y a beaucoup de pertes à cause de la mauvaise conservation. La pomme de terre fraîche sera disponible à partir du mois de novembre, selon la même source. Concernant les prix pratiqués, il indique qu'ils sont libres, mais sont à la portée de toutes les bourses. «Tant que les instances concernées par la régulation des prix n'ont pas instauré le taux de la marge bénéficiaire, les prix sont libres. Le mandataire peut acheter à 10 DA et revendre à 50 DA. Outre la qualité du produit, même les services de contrôle ne peuvent intervenir sur ce plan», explique le mandataire, avant d'ajouter que tous les produits sont disponibles cette année et à des prix relativement accessibles. «Les raisins sont proposés de 20 à 200 DA, les tomates à 18 DA, les oignons à 12 DA. Ici, les prix sont dictés par la loi de l'offre et la demande, grossistes et détaillants imposent leur tarif». Une production en hausse M. Ayad Mounir, fraîchement désigné directeur général du marché, estime pour sa part que la moisson de la pomme de terre est «formidable» cette année et de bonne qualité. La pénurie enregistrée l'année dernière est expliquée par le même interlocuteur par les perturbations climatiques et la spéculation, la non disponibilité des engrais ainsi que le manque d'expérience des commerçants en matière de conservation dans les chambres froides. Selon lui, une bonne quantité a été jetée, mais il affirme que cette année, la déperdition est limitée, presque inexistante. Cette dernière a concerné plutôt les fruits de saison, comme les pêches et les poires, car les moyens de conservation de ces produits sensibles et composés de 80% d'eau n'existent pas en Algérie, d'où l'impossibilité de les exporter. Interrogé sur un éventuel projet d'exportation de la pomme de terre, M. Ayad a estimé que notre production ne répond aux normes établies à l'échelle internationale (calibrage, variété...). Il y a lieu de noter que trois périodes de production ponctuent l'année : la saison, l'arrière-saison et la primeure. Aujourd'hui, la récolte est bimestrielle à travers plusieurs régions du pays, ce qui explique en partie sa forte production cette année et son augmentation régulière. La production est ainsi passée à 30 millions de quintaux contre 25 millions en 2009 et 21,7 quintaux en 2008, et ce, grâce à la mise en place du Système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) dont la mission principale est de stabiliser les prix sur le marché et de sécuriser l'agriculteur. Cependant le manque de moyens appropriés de conservation et de stockage compromet sérieusement la production agricole.