Tout le monde sait que la production nationale de lait cru est insignifiante proportionnellement à la consommation des Algériens. Mais personne, ou presque, ne consomme plus de lait cru de par le monde. On en fait presque une consolation pour expliquer – ou cacher – l'indigence de nos élevages laitiers et la piètre qualité du lait que consomme l'Algérien lambda, mais quand les problèmes s'aggravent, ils parviennent toujours à reléguer au second plan des questions qui, de nécessité banale, deviennent un luxe d'enfant gâté. La preuve, c'est que, comme d'habitude, ce n'est pas la vache, mais le «sachet» qui revient au-devant de l'actualité. A défaut de connaître le process de production du lait, l'algérien sait le cheminement de l'essentiel de sa consommation en la matière. Sans doute parce qu'elle est toute simple : un office public importe de la poudre de lait, en approvisionne les «transformateurs» qui approvisionnent de gros distributeurs qui approvisionnent les détaillants qui approvisionnent les ménages. Pas plus compliqué. Ce procédé si simple ne devrait donc pas poser problème. En plus il y a d'autres raisons pour que le lait ne manque jamais à l'étalage. D'abord parce que ce produit est d'une nécessité vitale, ensuite parce que l'Algérie, quoi qu'on dise «n'en est pas là» et enfin parce que c'est un peu le comble qu'un pays qui se permet le luxe de… subventionner un produit éprouve des difficultés à en assurer la disponibilité régulière. Et si, précisément, tout le problème venait de là ? Et c'est M. Abdelouaheb Ziani, le président de la fédération nationale de l'agroalimentaire à la confédération des industriels et producteurs algériens(Cipa) qui le dit en réponse à une question sur la spéculation et le détournement de la poudre de lait à d'autres usages : «Nous pensons que lorsqu'un produit est subventionné, il ya forcément spéculation… l'Etat doit mettre des garde-fous.» Et si, en matière de «garde-fous», il s'agissait tout simplement de supprimer la subvention, une formule de protection plus démunie archaïque qui, tout compte fait, profite à tout le monde sauf à ceux qu'elle est censée être destinée ? Parce qu'en plus des détournements du produit à d'autres fins qui engendrent des tensions cycliques que rien d'autre n'explique, la «formule» engendre un monopole de fait, un système de «quotas» et des «droits» pour des transformateurs aux antipodes des exigences du marché. La subvention et les ralentissements qu'elle implique expliquent, seuls, que le lait vient à manquer dans les épiceries. Même si, organisme importateur, transformateurs et gros distributeurs s'emploient laborieusement à trouver d'autres raisons pour cela. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir