Le chef des armées britanniques est sorti de sa réserve : le Yémen ne doit pas devenir le «nouvel Afghanistan». Non pas parce que les talibans reprennent des forces dans les environs de Sanaa, les seuls rebelles qui continuent de tenir tête au pouvoir central sont issus de la minorité chiite. Ce qui fait trembler le château des Windsors c'est que le djihadisme mondial devienne incontrôlable au Yémen malgré toute la bonne volonté du Président Ali Abdallah Salah d'en découdre avec ses «indésirables hôtes». Serait-ce, donc, la bonne décision que vient de prendre Berlin, en suspendant toutes les arrivées de vols en provenance du Yémen ? Le gouvernement de Sanaa ne comprend pas que l'Allemagne d'Angela Merkel puisse l'isoler alors qu'Américains et Britanniques sont décidés à tout mettre en oeuvre, drones et billets verts, pour étouffer dans l'oeuf les ambitions destructrices de Ben Laden et de ses lieutenants locaux. Les autorités yéménites espèrent que ce n'est qu'une «mauvaise passe», sous la porte de Brandebourg, de tels coups ne sont pas pour renforcer l'alliance occidentalo-yéménite contre le terrorisme international. D'autant que la vieille bienheureuse, par la voix de son premier magistrat, a montré son bon vouloir à devenir un pays pivot dans la lutte d'un monde modéré contre le djihadisme de tous bords. Berlin est prié de suivre l'exemple de Washington qui a dépêché des experts chez son allié yéménite, des experts dans la détection des colis piégés. Aussi dans les lettres piégées que Nicolas Sarkozy a failli en recevoir une si ce n'était la vigilance des autorités portuaires d'Athènes ? Vu le fait que Paris ait décidé de suspendre le fret avec le Yémen, la lettre en question n'aurait pas pour expéditeur l'artificier d'Al Qaïda Yémen, l'autre enfant terrible du royaume wahhabite. Mais, probablement, un anarchiste qui appartiendrait aux «Cellules de conspiration du feu», un groupe d'origine grecque qui a perpétré des dizaines d'attentats, suite à l'assassinat d'un adolescent, tué par la police en décembre 2008. Serait-ce les mêmes cellules qui ont réussi à faire exploser une bombe de faible intensité devant l'ambassade de Suisse à Athènes ? Rien n'a filtré bien que le mode opératoire pourrait ne pas porter la marque de fabrique d'Al Qaïda. Reste posée la question de savoir pour quelle raison les «Cellules de conspiration du feu» en voudraient à Nicolas Sarkozy et à la Fédération helvétique. Pourtant, dans son dernier enregistrement authentifié, Ben Laden s'en est pris directement à la République française et à ses lois anti-Islam. Comme il aurait bien pu s'adresser au gouvernement de Berne afin de lui rafraîchir la mémoire au sujet de l'interdiction des minarets sur le territoire suisse. Saura-t-on qui veut quoi dans le sillage de la menace d'Al Qaïda Yémen, qui par ses explosives cartouches à encre, embarquées dans les soutes à bagages de cargos US, n'aurait fait que des «tests à blanc» ? En attendant de savoir qui se tient derrière ce désordre explosif, le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, aurait déjà le dernier mot face à la presse française qui n'a pas cessé de lui reprocher d'avoir trop fait sur le front sécuritaire. Car, jusqu'au jour d'aujourd'hui, l'organisation dAl Qaïda s'est contentée de proférer des menaces, aucune «bambinette» n'ayant été découverte au pied de la Tour Eiffel. Quant à la lettre piégée, interceptée en Grèce, ce ne serait ni la première ni la dernière que Nicolas Sarkozy recevrait au palais de l'Elysée. D'ailleurs, il ne serait pas le seul à en faire la collection, Barack Obama s'y perdrait à vouloir les compter toutes. Toujours est-il que leurs adversaires politiques respectifs ne se privent pas de tirer à vue. A présent que les républicains US ont terminé de faire peser les soupçons sur le Président Obama, la déroute annoncée du parti démocrate n'est plus à cacher, les socialistes français vont-ils signifier que l'actuel désordre sécuritaire en France n'a pour unique but que de réduire les opposants à la réforme des retraites à un silence politicien ? Nul n'ignore les «vertus» de l'affaire Woerth.