A-t-on jamais entendu des prix des fruits et légumes qui flambent du jour au lendemain, sous prétexte qu'il pleut où qu'il neige ? Dans les pays à pluviométrie «normale», nous devons être les seuls à avoir ce rapport si compliqué avec l'eau qui nous vient du ciel. Tellement habitués aux séries de catastrophes devenues quasiment prolongements naturels de la moindre ondée, nous avons fini par en accepter la fatalité. Jusqu'à en sourire parfois, avec des airs de ceux pour qui les choses sont désormais entendues. Il y en a même qui posent automatiquement la question, avec un sous-entendu évident que c'est la seule inconnue de l'équation : combien de morts ? Il est encore heureux que la mort, quand elle est causée par la pluie, puisse nous émouvoir, mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit aujourd'hui. Il fait beau mais il a plu ces derniers jours. Vous savez, on apprend beaucoup de choses quand la sécheresse, par miracle, décide de déserter notre espace. Il fut un temps où la «chose» se disait entre initiés, maintenant elle est dans toutes les bouches : la pomme de terre se fait rare parce qu'en raison de la pluie, il y a de la boue dans les champs. Et quand les champs de patate sont envahis par la gadoue, les agriculteurs ne peuvent pas cueillir le tubercule. Ceci, bien évidemment pour arriver à l'essentiel, les prix qui s'envolent encore après un calme qui n'aura duré que le temps d'un nuage d'été. Tous les fruits et légumes se récoltent dans les champs et tous les champs sont censés être touchés par la pluie et la pluie fout de la gadoue partout où elle tombe. La carotte, le navet, la laitue, la poire et le raisin, tout a augmenté, mais c'est sa majesté patate qu'on met en avant pour expliquer la flambée. Maintenant que tout le monde sait que c'est à cause de la pluie, comme tout le monde savait avant que c'est à cause de la sécheresse, la «question» a deux parties : combien de morts et combien coûte la pomme de terre. Elle aurait pu se multiplier encore en intégrant le nombre de sinistrés, le nombre de blessés, le nombre de routes coupées, le nombre de foyers sans électricité mais il faudra tout expliquer par la boue. Et tout le monde sait que la gadoue n'explique rien. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir