A la veille de la célébration du sacrifice d'Abraham (QSSL), les produits de large consommation, tout comme les fruits et légumes, ont emboîté le pas du mouton que les prix ont rendu inaccessible aux bourses moyennes. Les ménages qui s'attendaient à récolter les fruits d'une saison agricole somme toute satisfaisante pour les travailleurs de la terre, ont dû déchanter depuis et le dernier coup d'assommoir qui vient de leur être asséné par les spéculateurs du mouton, vient d'être relayé par les marchands de fruits et légumes et les dépositaires de produits de large consommation. Le prix de la pomme de terre déstockée et à moitié pourrie, qui se maintient contre vents et marées autour de 50Da le kilo, vient d'être consolidé dans cette errance par l'arrivée de la pomme de terre nouvelle, cotée entre 60 et 70Da le kilo. Quant à l'oignon, il en fait pleurer plus d'une ménagère qu'il toise du haut de ses 60 à 80Da le kilo. Son cousin l'ail l'avait déjà devancé, puisqu'il planait entre 400 et 600Da pour le produit local. Enfin, la laitue qui fait l'objet d'une forte demande, pour apaiser les lendemains brumeux d'une digestion lourde de «melfouf» ou de panse d'ovin farcie («bekbouka» pour les uns et «ôsbane» pour les autres), s'est déjà envolée vers des plafonds insoupçonnés. Quant aux produits alimentaires de large consommation, le prix du sucre qui paradoxalement est en baisse sur le marché international, atteint les 80Da pour le cristallisé et 90Da la boîte en morceaux. Les légumes secs ne sont pas en reste, tels les haricots, les pois chiches et les lentilles cédés entre 120 et 130Da le kilo. «Regardez mon panier, que je n'ai pu remplir qu'à moitié et pourtant, il y en a pour 1.200Da là-dedans», nous apostrophe un retraité des ponts et chaussées. «Franchement, la pension que je viens de toucher depuis quelques jours seulement, est déjà partie», se plaint notre interlocuteur, bientôt relayé par un fonctionnaire, père de famille nombreuse de surcroît et qui avoue dégainer sa calculette, avant de faire n'importe quel achat important, «pour ne pas stresser ma femme et l'obliger à donner ses bijoux en garantie à la banque, comme cela nous arrive souvent, en échange d'un prêt salvateur. Comme tout est excessivement cher, nous devons calculer à l'avance toutes nos dépenses, pour arriver à mieux gérer notre maigre budget», a-t-il conclu. «Tous les produits de large consommation ont connu subitement une flambée vertigineuse des prix depuis quelques mois, ce qui nous condamne à ne débourser quotidiennement que le strict nécessaire», renchérissent un groupe de retraités. «Autrement dit, on garde un œil sur les prix et l'autre sur le porte-monnaie de la ménagère», nous dira l'un d'eux, un brin malicieux. «Face à cette situation pénible, faire son marché de nos jours est devenu un sport des plus périlleux et nul salarié moyen ne peut avancer de quel menu sa table sera garnie le jour de l'Aïd El-Adha et même les jours qui suivront, puisque nos marchés ne seront plus approvisionnés plusieurs jours durant», estiment à leur tour d'autre citoyens, rencontrés au marché couvert de Hammam Bouhadjar. «Enfin, jusqu'à quand serons-nous condamnés à faire face à l'instabilité de nos marchés, dans une économie de bazar, qui n'a de «marché» que le nom et qui fait que le consommateur se sent pris en otage entre les mains des barons de la spéculation, alors que les pouvoirs publics continuent à jouer au Ponce Pilate, en s'en lavant les mains», conclura un ancien PES de lycée qui a mal à sa retraite.