L'Alliance présidentielle n'évolue pas, elle est dans un état stationnaire et les trois partis qui la forment ne bougent que lors des échéances électorales. C'est le constat dressé hier par Abderazak Mokri,vice-président du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Un constat aisément vérifiable puisque le FLN, le RND et le MSP ont pratiquement cessé toute activité unifiée depuis le début du troisième mandat présidentiel. Le numéro deux du MSP durcit encore le ton et avoue l'échec de cette alliance qui se promettait un avenir radieux et une expérience unique dans l'histoire de la politique algérienne. «L'Alliance n'a malheureusement pas réussi à développer un projet politique pour mener l'Algérie vers des horizons meilleurs», a-t-il affirmé, faisant allusion au fait que cette alliance n'a pas pu évoluer en se créant des liens solides au niveau de la base. «L'Alliance s'est arrêtée au niveau des rencontres protocolaires qui ne se tiennent plus d'ailleurs. Le sommet pour la passation de la présidence tournante ne s'est pas tenu depuis longtemps», dira-t-il lors de son passage à l'émission politique de la radio algérienne. Pour lui, l'un des points inscrits dans la plateforme de création de l'Alliance présidentielle est de porter et soutenir le programme présidentiel. «C'est un point parmi d'autres, comme le développement de la démocratie, la concertation autour des questions importantes, la participation à la gestion à tous les niveaux des responsabilités, mais malheureusement, elle n'a pas réussi à développer tous ces chantiers», expliquera-t-il. La plus grande faille de cette alliance reste, selon M. Mokri, l'union au niveau des instances locales. «On n'a pas pu agir comme des alliés au niveau des instances locales où nous avons remarqué que des partis de l'Alliance s'alliaient avec d'autres formations pour constituer une force et concurrencer les autres», a-t-il affirmé. Le phénomène du «vagabondage politique» n'a pas été éradiqué par cette même Alliance puisque les mandats dans toutes les instances ont été marqués par le départ des militants et cadres des trois partis vers d'autres formations. M. Mokri estime que la scène politique a besoin d'un renouveau. «La solution est d'aller vers des élections libres, claires et démocratique où il n'est pas permis à l'administration de s'ingérer et de favoriser le parti du pouvoir. A ce moment-là, le parti qui aura la majorité se trouve au pouvoir et les autres formations politiques jouent le rôle de contrôler cette majorité», a-t-il indiqué. Mokri avoue que l'Algérie n'a pas franchi de grands pas vers la démocratie. «Il faut aller vers une véritable démocratie et alternance au pouvoir, on n'en est malheureusement pas encore arrivé là. On a besoin de débattre des programmes et des idées diverses, ce qu'on ne trouve pas actuellement chez la classe politique qui ne propose pas de débat ni des idées», a-t-il lancé. Sahara occidental :la question n'est pas trop vulgarisée A propos de la lutte contre la corruption, le vice-président du MSP dira qu'il s'agit d'un engagement patriotique «avant d'être une démarche bureaucratique». Pour lui, ce combat n'a aucune chance de réussir sans l'instauration d'un climat démocratique. Il estime que le fait que le Parlement ne peut pas s'engager dans cette lutte est une faille grave. «Cet engagement n'existe pas dans notre Parlement», dira-t-il. Interrogé sur la question du Sahara occidental et la visite récente du chef de son parti au Maroc, M. Mokri précise que «Bouguerra Soltani s'est déplacé au Maroc dans le cadre d'une tournée pour l'édification du grand Maghreb». Pour lui, le silence de la mouvance arabo-islamique sur la question du Sahara occidental est dû à une méconnaissance du combat de ce peuple. «Le Polisario n'a pas bien présenté la question dans la région et n'a pas fourni des éléments d'information suffisants pour faire adhérer les acteurs de la région», a-t-il souligné, en notant que le principe de l'autodétermination reste la solution la plus adéquate à ce conflit.