Il affirme que l'Alliance n'a aucune raison d'être si les trois partis refusent de trouver un consensus. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) demande la tenue d'une réunion extraordinaire de l'alliance stratégique au lendemain de la sortie médiatique du secrétaire général du RND. Hier, M.Abderrezak Mokri, vice-président du parti, contacté par nos soins, s'est déclaré «outré par les accusations du secrétaire général du RND». «Ouyahia est en train de malmener l'alliance stratégique. Il faut que les trois partis concernés se réunissent autour de la même table, afin de discuter d'une manière franche est claire sur l'avenir de l'Alliance», a précisé ce dernier. Ladite réunion qui, selon le statut interne, doit être convoquée par le FLN, sachant qu'il préside l'Alliance, permettra aux concernés, «de définir la nature et les objectifs réels de l'Alliance». Mokri, qui représente l'aile la plus conservatrice au MSP, estime que «si les trois partis sont incapables de trouver un terrain d'entente ou encore un consensus sur des dossiers stratégiques pour l'avenir du pays, l'Alliance n'aura alors plus aucune raison d'exister». ça ne sera pas la première fois que le MSP remet en cause l'existence de l'alliance stratégique, qui est loin d'être à sa première crise. Les leaders de ce parti islamiste ont multiplié leurs déclarations ces derniers mois, avec pour cible préférée le patron du RND. Lequel a été appelé à céder son poste à la chefferie du gouvernement au profit d'un candidat technocrate pour garantir la transparence des échéances électorales de 2007. Depuis les élections partielles, et le refus du RND et du FLN d'affronter cette bataille électorale avec des listes communes, le MSP qui est, faut-il le rappeler, l'initiateur de cette proposition, est monté au créneau pour dévoiler au grand public des désaccords de fond longtemps couvés, allant jusqu'à menacer de claquer la porte. Dans ces déclarations, le secrétaire général du RND a formulé des critiques acerbes à l'encontre de M.Boudjerra Soltani à qui il a reproché «son double jeu et ces dribles politiques», ce qui semble soulever l'ire du MSP. Serait-ce la goutte qui va faire déborder le vase? Au MSP on qualifie les propos d'Ouyahia «d'insulte». «Le secrétaire général du RND a formulé des jugements démesurés contre notre parti devant les médias, ce qui est inacceptable. Nous avons un cadre de concertation qui est le sommet de l'Alliance et qui est censé permettre aux partenaires de divulguer clairement leurs visions et leurs positions», précise notre source. Comment expliquer dans ce cas-là l'attitude du MSP qui ne rate aucune occasion pour critiquer Ouyahia? «Concernant l'Exécutif, le chef du parti n'a fait qu'exprimer un point de vue politique, sans pour autant recourir aux insultes». Vendredi, Ouyahia est sorti de son mutisme. Jusqu'à cette date, le RND été le seul parti qui défendait «la bonne santé de l'Alliance», même si tous les indices démontrent le contraire. Une position défendue bec et ongles, malgré les tirs croisés de ses partenaires, autour de plusieurs dossiers. Le dernier en date ayant trait à l'augmentation des salaires, jugée «légitime» par le MSP et le FLN et «illégitime» par Ouyahia et en des termes à peine voilés par Bouteflika. Apparemment conforté par l'appui du président, exprimé le 23 février, le secrétaire général du RND, également chef du gouvernement, a décidé de rompre le silence pour défendre publiquement les positions de son parti. Le FLN a eu sa part des critiques. En mettant en doute les arrière-pensées politiques des prêcheurs de la révision de la Constitution, le RND s'est placé officiellement contre cette démarche adoptée par le parti de Belkhadem. Approché par nos soins, le chef du groupe parlementaire du FLN, M.Ayachi Daâdoua, n'a pas voulu commenter les propos d'Ouyahia, estimant qu'ils n'engagent que sa personne. «Le secrétaire général du RND est responsable de ses propos qui ne nous engagent pas en tant qu'alliés», atteste-t-il. Concernant la révision de la Constitution, «la commission installée par le FLN continue de travailler sereinement et proposera le moment opportun son projet», a-t-il ajouté. L'Alliance est-elle au bord d'une crise? «Non», déclare notre interlocuteur qui a reconnu que «le seul point sur lequel s'entendent les trois partis, c'est bien le programme du président». Excepté ce dernier point, «nous divergeons sur tout». Enfin, Daâdoua a soutenu l'idée du MSP ayant trait à la tenue d'une rencontre entre les trois partenaires. «Pourquoi pas», affirme-t-il.