Alors que la base militante dans plusieurs wilayas continue de rallier le camp des redresseurs, l'activité militante devient atone au niveau de toutes les représentations du parti à travers le territoire national. Le bras de fer, amorcé entre les deux ailes du FLN depuis quelques semaines, risque de durer encore. Au moment où les kasmas et mouhafadas se vident de leurs militants, et que leurs permanences ne sont plus assurées, Abdelaziz Belkhadem va réunir demain son bureau politique dans une entreprise qui ne peut être que délicate, au sein de cette situation de stand by qui a gagné les rangs du parti ces derniers jours. Le camp des contestataires continue de s'étoffer, comme le démontrent les documents qui parviennent sans cesse à notre rédaction. Hier, c'était au tour des militants de la kasma de Souk-El-Tenine, dans la wilaya de Béjaïa, d'intégrer le camp des redresseurs. Dans un communiqué, appuyé par une liste nominative signée par pas moins de 86 militants, les membres de la kasma de Souk-El-Tenine dénoncent «les irrégularités et dépassements» commis par la direction du parti, «à savoir le refus de renouvellement des cartes de militants, l'exclusion sans motifs ni preuves des vrais militants, et la violation des statuts et règlement intérieur du parti lors de l'opération de renouvellement des structures de base». Ainsi, les militants de la localité sus-citée, tout en refusant «ces pratiques et agissements indignes et non honnêtes», déclarent leur adhésion à la politique de redressement du parti. Ils précisent dans leur communiqué ceci : «Nous déclarons notre engagement indéfectible pour l'adhésion au sein du mouvement de redressement» et se déclarent «persuadés à plus d'un titre que le mouvement de redressement et de l'authentification redonnera à notre parti sa vraie image et sa vraie valeur sur l'échiquier politique national pour relever tous les défis». «La réunion du BP est un non-événement» Le camp des redresseurs, qui s'est doté d'un directoire et d'un siège national, s'attelle désormais à mettre sur pied les kasmas à travers le territoire national, a annoncé le porte-parole des dissidents Mohamed Seghir Kara, précisant que sur le nombre de kasmas élues jusqu'à présent, 80% l'ont été de manière illégale, ce qui a suscité un grand marasme auprès de la base militante dans plusieurs wilayas. Cela explique, selon lui, le nombre important de recours adressés par les militants à travers les quatre coins du pays. Interrogé sur la tenue de la réunion du bureau politique du parti aujourd'hui à Alger, le chef de file des redresseurs considère cette entreprise comme «un non-événement». Pour sa part, Saïd Bouhadja voit en la réunion du bureau politique «une entreprise qui ne peut servir aucunement à mettre fin à la crise». L'ex-porte-parole appelle les membres de ce directoire «à se démarquer plus et aller auprès des militants de base dans les différentes wilayas, puisqu'un homme politique doit toujours être à l'écoute de ses militants» et non, selon lui, tenir le bâton par le milieu. Et en sa qualité d'ancien militant du FLN, Saïd Bouhadja déclare respecter tous les points contenus dans le règlement intérieur du parti, «mais si tout se passe dans de bonnes conditions, dans le cadre du respect de la justice, de la crédibilité des hommes et du respect mutuel». Convaincu que les cellules de kasma et de mouhafada sont «des structures vivantes où tout le monde veut se positionner, ce qui est tout à fait légitime», l'ancien porte-parole du parti insiste pour que «cela se fasse dans le respect des textes». M. Bouhadja conclut en estimant que l'entreprise de renouvellement des instances de base du parti «doit émaner d'un dialogue sain pour que tout le monde arrive sur un consensus commun».