Quand on demande à Abdelaziz Belkhadem, le secrétaire général du FLN, de réagir à la vague de protestations qui traverse les structures de base et certains paliers intermédiaires de son parti, il a toujours à portée de main sa réponse. Ce n'est pas lui qui a inventé la formule, il doit certainement douter de sa pertinence dans le cas précis, mais elle a l'avantage d'être là, et ce qui ne gâte rien le dispense d'une prise de responsabilité : la contestation dans un parti est un signe de bonne santé politique plutôt que d'une crise. Pourtant, le patron du FLN ne ressort pas la même rengaine quand il s'agit de répliquer aux leaders de la contestation. Que Mohamed Seghir Kara, député et «chargé de la communication du mouvement de redressement» parle et voilà Belkhadem qui abandonne la sérénité qui sied naturellement à tout dirigeant dont le parti affiche un «signe de bonne santé politique». Il enfourche alors une autre monture, celle d'un premier responsable ébranlé dans le confort de ses certitudes. Le voilà donc en guerre, accusateur, pourfendeur et enfin culpabilisateur, puisqu'il reproche tout simplement à El Hadi Khaldi, le porte-parole de la contestation, de «mordre la main qui l'a nourri». On ne sait pas vraiment si la main de Belkhadem a un jour nourri le ministre de la Formation professionnelle, mais on sait qu'il veut lui rappeler qu'il est le grand chef dont on ne tente pas de s'émanciper impunément. Parce que Abdelaziz Belkhadem a dans la foulée actionné le conseil de discipline et mobilisé ses relais les plus fidèles pour venir à bout, non pas de la contestation, mais de ceux qui en sont l'incarnation. On le savait, la contestation est signe de bonne santé politique et ceux qui dirigent le mouvement ou en tirent les ficelles, des faux frères qui manquent de loyauté. Comme dans «tout ça», il n'y a pas l'ombre d'une divergence… politique ou stratégique, on comprend mieux la logique du secrétaire général du FLN. C'est même une marque de fabrique de la maison : une question d'hommes et de postes doit se régler entre les hommes, chacun à son poste. Il n'est pas possible de changer des centaines de kasmas, coupons les têtes au sommet ! La logique est d'autant plus implacable que de l'autre côté de la barrière, il n'y a pas le moindre grief politiquement saisissable dans ce qui est retenu contre Belkhadem. Et il n'y a pas mieux comme illustration que la réplique de Khaldi : «Je ne dois rien à Belkhadem.» Cela aussi, on le savait. Cet e-mail est protégé contre les robots collecteurs de mails, votre navigateur doit accepter le Javascript pour le voir Slimane Laouari