Poutine, alors président russe, aurait, selon le site WikiLeaks repris par El Pais, demandé un compromis maroco-algérien en vain. «Le conflit entre le Maroc, l'Algérie et le Sahara occidental est comme l'histoire de l'œuf et de la poule. L'Algérie a indiqué que les relations ne peuvent s'améliorer que si l'autodétermination est mise en œuvre au Sahara occidental , sachant les liens étroits qui existent entre le leadership algérien et celui du Polisario. Dans une réponse datée du 17 août 2009, les Marocains maintiennent que leur principal objectif reste le rapprochement avec l'Algérie, ce qui peut être discuté séparément. (…) Le président russe avait demandé un compromis maroco-algérien, en vain, tout comme les gouvernements français, espagnol et américain», selon un télégramme de l'ambassade des Etats-Unis au Maroc daté du 17 août 2009, classé confidentiel, cité par le site WikiLeaks, repris par El Pais . Madrid est allé si loin pour soutenir le Maroc, indiquent El Pais et les documents du département d'Etat, que le ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos, a même proposé des négociations à quatre entre la France, l'Espagne, le Maroc et l'Algérie. Les mois précédant la présentation du Plan d'autonomie marocain donnèrent lieu à d'intenses contacts entre Espagnols et Américains pour que Rabat propose un plan solide. Madrid critiqua certes Paris pour son soutien sans réserve des positions marocaines, note El Pais. Selon un télégramme de l'ambassade américaine à Madrid en date du 31 octobre 2008, classé confidentiel, publié par WikiLeaks, «Moratinos a suggéré une réunion de coordination entre l'Espagne, la France, l'Algérie, le Maroc et les Etats-Unis en marge d'une réunion ministérielle de l'OTAN», ce à quoi le sous-secrétaire d'Etat américain pour l'Afrique du Nord et le Proche-Orient, David Welch, répondra que «la secrétaire d'Etat Condoleeza Rice a tenté une telle approche avec Rabat et Alger, en vain», rapporte El Pais, par ailleurs. Alger aurait refusé, arguant de l'absence du Polisario, est-il rapporté. Moratinos aurait remis sa proposition sur la table lors de rencontres avec des diplomates américains en proposant que Washington joue le rôle d'observateur, «mais Alger ne voulut rien savoir», est-il ajouté. De 2007 à 2009, grâce à l'action de la diplomatie marocaine et au soutien de Madrid et de Paris, Rabat marque des points. En décembre 2009, l'ambassade américaine à Madrid parle de la perte d'influence du Polisario au sein des Sahraouis. Un télégramme classé «Confidentiel» en date du 17 août 2009 en provenance de l'ambassade américaine à Rabat reconnaît que «la situation des droits de l'homme dans le territoire s'est fortement améliorée (…). Des entretiens extensifs et des sources indépendantes suggèrent que le but principal de la plupart des Sahraouis est plus l'auto-gouvernement que l'autodétermination ; un désir pour plus de sécurité et de protection de leur identité que l'indépendance, une armée et des ambassades (…) Nous savons de la part de sources sahraouies crédibles qu'il existe un fort intérêt pour une solution négociée (…)». Conclusion de ce télégramme : Depuis l'arrivée au pouvoir du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero à Madrid, en mars 2004, le gouvernement espagnol n'a eu de cesse de soutenir la position de Rabat sur le dossier du Sahara et sur le plan régional, révèlent des télégrammes du département d'Etat américain, dévoilés par le site WikiLeaks et dont une synthèse a été publiée par le quotidien madrilène El Pais. Selon le journal espagnol, «si les socialistes ont publiquement tenté de maintenir une position équilibrée entre Rabat et Alger, ils ont fourni un appui et proposé des conseils pour élaborer une proposition d'autonomie crédible sous souveraineté marocaine». Des dizaines de télégrammes des ambassades des Etats-Unis à Rabat, Alger, Madrid et Paris rendent compte de cette situation entre 2004 et aujourd'hui et plus particulièrement la période 2004-2007 menant à la préparation par Rabat de la proposition d'autonomie, est-il expliqué par El Pais. Cette situation vaudra même à Zapatero de s'entendre dire par le président algérien Abdelaziz Bouteflika que «les Espagnols n'ont pas été honnêtes avec les Sahraouis», est-il ajouté.