Loin de vouloir prendre position dans ce qui est désormais appelé «l'affaire Wikileaks» encore moins d'en tirer des conclusions «hâtives», le professeur Abdelaziz Derdouri, spécialiste de la sécurité informatique a tiré la sonnette d'alarme sur la vulnérabilité des systèmes informatiques du pays. Dans un exposé intitulé «Wikileaks, quels enseignements pour l'Algérie», présenté hier au Centre d'études stratégiques du quotidien Echaâb, le professeur Abderrezak Derdouri, informaticien, a expliqué que nos «infrastructures sensibles», qui relèvent de la souveraineté nationale, sont plus que jamais exposées aux cyberattaques. «Les modalités d'exécution des guerres sont en train de changer», a tranché l'informaticien dans son exposé sur l'après Wikileaks, une affaire qui n'est, selon le conférencier, qu'un aspect de la menace à la cyber sécurité, d'où la nécessité pour l'Algérie de tirer les enseignements nécessaires. «Il y a lieu de protéger nos infrastructures sensibles», avertit-il tout en précisant que les cyberattaques sont «des armes de protestation dévastatrices». Le conférencier a fait remarquer dans ce contexte, en citant une arme de sabotage industriel, le virus appelé Stuxnet, que les cyberattaques touchent désormais même les ordinateurs qui ne sont pas connectés au réseau Internet. Une clé USB introduite dans un ordinateur d'une entreprise, « volontairement ou non», peut, selon lui, causer d'énormes dégâts, voire la paralysie de toute l'entreprise pendant plusieurs jours. Il citera l'exemple de l'Iran touché par «»cette arme de destruction massive», où pas moins de 60 000 ordinateurs sont infectés. Selon M. Derdouri, les sites sensibles sont particulièrement visés à l'instar du gazoduc Magreb Europe (GME), cité par Wikileaks comme site à protéger selon un «câble» de l'administration américaine. Les outils d'attaque sont, d'après M. Derdouri, de plus en plus sophistiqués alors que les systèmes de sécurité informatiques «étatiques» ne suivent pas. Le danger est d'autant plus grand pour notre pays qui s'apprête à adopter une nouvelle stratégie appelée «e-Algérie 2013», qui vise à offrir des centaines de services en ligne aux citoyens et qui concerne la quasi-totalité des administrations. Le conférencier recommandera dans ce sillage la «fabrication locale de nos logiciels» pour éviter toute attaque dans la mesure où il se pourrait, selon lui, que les fabricants de logiciels introduisent délibérément ces vulnérabilités. Les américains et les britanniques, entre autres, ont d'ailleurs, explique-t-il, «élaboré des projets de loi pour rendre responsables les fabricants de logiciels». Certains intervenants ont par ailleurs estimé que l'affaire Wikileaks est une œuvre de la CIA alors que d'autres ont affirmé, à la lumière des explications de M. Derdouri sur la sécurité informatique, qu'elle est destiné à booster les ventes de logiciels de sécurité dont tireraient profit les compagnies de cyber sécurité.