Le bras de fer se durcit en Côte d'Ivoire. Le mandat des casques bleus a été prolongé de six mois. La tension monte entre Laurent Gbagbo et la communauté internationale. Après l'interdiction, lundi, de visa pour l'Europe au clan Gbagbo, le Conseil de sécurité a prolongé de six mois le mandat de la force de l'Onu en Côte d'Ivoire (Onuci). Une décision prise alors que le président sortant réclamait le départ de l'Onuci, dont le mandat devait prendre fin le 31 décembre. Dans une déclaration distincte, le Conseil avertit Laurent Gbagbo que toute personne responsable d'attaques contre des civils ou des casques bleus pourrait être traduite devant un tribunal international. Le gouvernement de Gbagbo avait de nouveau réclamé le départ de la force de l'Onu, présente dans le pays depuis 2004. «Si, contre notre volonté, on veut maintenir cette force-là sur notre territoire, nous ne coopérerons plus avec elle. Cela veut dire que les responsables de cette force n'auront pas d'interlocuteur officiel (...) Comment vont-ils travailler ?», a déclaré le ministre de l'Intérieur Emile Guiriéoulou. «Il ne sera jamais un dictateur» Bernard Oudin, conseiller spécial de Laurent Gbagbo, intervenu hier matin sur Europe 1 a affirmé que «M. Gbagbo est un homme de paix et ne sera jamais un dictateur». Selon Bernard Oudin, «le résultat donné le 28 novembre [qui donne Alassane Ouattara vainqueur, ndlr] n'est pas le résultat de l'élection». Pour le conseiller spécial de Laurent Gbagbo «la seule façon de sortir de cette crise, c'est de discuter et de négocier entre toutes les parties». «Il faut arrêter de brandir le chiffon rouge des sanctions» "Il faut arrêter de brandir le chiffon rouge des sanctions contre la Côte d'Ivoire qui «ne font qu'exacerber les tensions» et «mettent en péril les relations amicales que nous avons avec l'Europe et la France en particulier», a déclaré lundi Toussaint Alain, conseiller de Laurent Gbagbo, affirmant que le président sortant était «zen» et «serein» face aux «menaces». Dans un entretien accordé à l'Associated Press à Paris, il a par ailleurs accusé l'ONU de chercher «un prétexte à une intervention militaire». Il a également affirmé que les forces de défense et de sécurité ivoiriennes n'étaient «nullement impliquées» dans les violences évoquées dimanche par la Haut commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Navi Pillay. «Les premiers responsables des violences (...) sont d'abord les responsables de l'opposition appuyés par la communauté internationale qui a laissé faire», a-t-il dit. «Aujourd'hui, nous savons qu'il y a effectivement des forces en tenue militaire qui bravent le couvre-feu pour se livrer à des exactions, mais la responsabilité du président Gbagbo et de son armée, c'est de faire en sorte que la sécurité des biens et des personnes soit garantie», a-t-il assuré, dénonçant une «manipulation» et évoquant des «actes qui peuvent relever de personnes proches de la rébellion». Quant à l'estimation onusienne de plus de 50 morts, «nous ne savons pas quand (...) ce décompte a été établi» et de quelles victimes il s'agit, a-t-il ajouté, rappelant que le gouvernement avait fait état jeudi soir de «21 morts, dont dix agents des forces de sécurité». «Ce sont les seuls chiffres officiels dont nous disposons», a-t-il dit. «L'ONU veut manipuler l'opinion et «cherche un prétexte à une intervention militaire» Le conseiller du président sortant, qui refuse de céder le pouvoir à Alassane Ouattara, dont la victoire a été reconnue par la communauté internationale, a accusé «la France, les Etats-Unis et l'ONU d'avoir organisé un hold-up électoral».