Djamaa Lihoud et ses environs sont toujours squattés par les commerçants informels. La situation s'aggrave à l'approche de la fête du Maoulid Ennabaoui. A cette occasion, le quartier se transforme en marché parallèle des produits pyrotechniques. Ses amis le surnomment «H'nicha», et il est en quelque sorte un point de chute pour de nombreux visiteurs du quartier Djamaa Lihoud, dans la commune de La Casbah. Propriétaire d'un magasin de vêtements pour hommes, il est concurrencé par les nombreux vendeurs ambulants qui proposent les mêmes produits mais à des prix nettement plus bas que ceux affichés en vitrine. Gêné par la présence des trabendistes, au même titre que les nombreux autres commerçants légaux, il nous déclare que ses revenus sont de plus en plus maigres à cause de cette nuée de vendeurs illégaux. Mais ce qui le dérange le plus, c'est la peur que des groupes de jeunes font régner sur les lieux. Le marché informel de Djamaa Lihoud est très fréquenté. On rencontre plus d'hommes que de femmes. Les rares clientes qui viennent ici prennent la précaution d'enlever leurs bijoux et de se voiler la tête. On ne sait jamais. Des commerçants nous ont précisé qu'il faut surtout éviter de passer par les escaliers, qui mènent vers les quartiers de Bab Djedid et Soustara. «C'est l'endroit le plus risqué», nous disent-ils. Selon une habitante du quartier, le commerce de la drogue y est très développé. Les rumeurs les plus folles circulent sur les activités illicites qui s'y pratiquent. Ainsi, on nous apprend par exemple que «chaque soir, il y a des gens qui viennent s'approvisionner en kif et autres produits stupéfiants auprès des dealers». Les différentes personnes que nous avons interrogées semblent être inquiétées par ce qui se déroule dans le quartier au grand jour. Beaucoup disent que Djamaa Lihoud n'est plus cet espace commercial agréable, où l'on trouve de tout et à des prix raisonnables. Aujourd'hui, c'est devenu un endroit où tout peut arriver : bagarres à l'arme blanche, usage et vente libre de la drogue, recel de bijoux et de téléphones portables volés, agression avec des chiens de combat… Selon plusieurs habitants, de nombreuses demandes ont été adressées à l'APC, exigeant qu'il soit mis un terme à l'état d'insécurité qui prévaut dans le quartier. Selon eux, la police n'intervient pas quand on l'appelle ce qui accentue le climat de peur. Nous avons sollicité l'avis des familles qui habitent dans ce quartier depuis de longues années. Pour elles, la situation s'est dégradée depuis les années 1990. A cause de l'anarchie qui règne sur la voie publique, il est impossible de célébrer un quelconque événement familial, sauf le vendredi quand le marché est fermé. «On préfère cette journée pour éviter que nos invités ne se fassent agresser», nous dit une habitante. Sa voisine renchérit : «Même à l'intérieur de l'appartement et même si on ferme les fenêtres, on entend tout ce qui se passe à l'extérieur. c'est intenable.» D'autres familles indiquent que «si quelqu'un tombe malade, les secours ne peuvent même pas arriver sur les lieux à cause des vendeurs à la sauvette qui bloquent la voie». Il est difficile de circuler librement dans ce marché à cause des tas d'ordures qui jonchent les lieux notamment à l'entrée. Ces derniers temps, la situation a empiré avec l'apparition des vendeurs de pétards et de feux d'artifice. «Un mois avant la célébration de la fête du Maoulid Ennabaoui, ces jeunes vendeurs à la sauvette installent leurs tables. Le jour de la fête, on ne reste pas à la maison à cause du bruit des explosions et de l'odeur de la poudre», nous déclare une mère de famille.