Cap Djinet, la commune d'origine du citoyen qui s'est immolé par le feu dans l'enceinte du siège de la daïra de Bordj Menaïel (30 km à l'est de Boumerdès), le 12 janvier, offre l'image d'une bourgade oubliée. La population locale, dont le nombre dépasse 21 000 âmes, vit au rythme des problèmes à longueur d'année. La beauté des rivages et les sites paradisiaques qui bordent leur localité ne leur ont pas été d'un grand secours pour sortir du dénuement dans lequel ils se débattent depuis des lustres. Crise du logement, chômage asphyxiant, promiscuité et manque d'infrastructures de loisirs… tels sont les maux qui n'en finissent pas de pousser les jeunes à tenter la harga ou à s'immoler par le feu, comme l'a fait Mohamed Aouichia (41 ans) pour mettre un terme à sa vie de misère. Aujourd'hui, il est à noter que des centaines d'autres familles vivent dans des baraques dépourvues des moindres commodités et risquent de rééditer l'acte suicidaire de M. Aouichia qui a rejoint sa maison hier soir après 10 jours d'hospitalisation. Cette localité balnéaire compte, selon nos sources, plus de 595 habitations précaires, qui sont réparties sur 9 sites. 12 logements pour 2500 demandes Les responsables locaux disent avoir recensé plus de 2500 demandes pour un quota de 12 logements à distribuer dans le cadre social. Ce quota est le reliquat du programme des 100 logements destinés au relogement des sinistrés du séisme de mai 2003. «A qui voulez-vous donc attribuer ces 12 unités immobilières ? Il y a des dizaines de familles qui sont dans le besoin. Aujourd'hui, on est contraint de geler l'attribution pour apaiser la tension et éviter d'autres actes comme celui survenu au siège de la daïra», nous dira le président de l'APC, M. Allal Benchouk, contacté par nos soins. Cette tension s'est accentuée surtout à cause des retards et des blocages que connaissent les programmes de logements inscrits au profit de cette localité. «On a bénéficié de 580 logements dans le cadre du programme de résorption de l'habitat précaire. Le premier quota (300 logements) nous a été accordé en 2007 et vient tout juste d'être lancé. Alors que le second (280 logements) demeure toujours au stade de projet et tarde à être lancé à cause de l'indisponibilité du terrain», a-t-il indiqué, avant d'ajouter qu'«il nous faut au minimum 1000 logements pour pouvoir recaser les familles les plus nécessiteuses». Interrogé sur ce qui a été entrepris par son Assemblée pour répondre aux doléances des plus démunis et ceux vivant dans la précarité, notre interlocuteur souligne l'impossibilité de satisfaire toutes les demandes. A la question de savoir s'il effectue des sorties régulières sur le terrain afin d'être au fait de la situation de ses administrés, le P/APC dira : «Nous le faisons rarement par manque de moyens», précisant toutefois que «ce sont les services techniques qui font le terrain et régulièrement je reçois mes administrés». L'APC dépourvue de moyens «On n'a même pas d'ambulance. Dans la plupart des cas, c'est la jeune fille, licenciée en psychologie et recrutée dans le cadre du préemploi, qui se déplace au chevet des malades ou autres personnes nécessitant une prise en charge psychologique. L'APC n'a aucun autre moyen pour le faire. La majorité des citoyens qui viennent sollicitent nos services pour résoudre un problème lié à l'assainissement ou autre… ou réclamer un logement dont l'attribution relève des prérogatives de la daïra», explique-t-il. En sus du problème du logement, la population de cette commune souffre énormément du chômage dû à l'absence d'investissement dans les secteurs touristiques et industriels. Ici, la majorité des jeunes vivent de la débrouillardise ou du travail de la terre… ou bien évidemment de la pêche. En tous cas, l'APC n'a rien à leur offrir. «On a 20 personnes qui travaillent dans le cadre de l'emploi de jeunes et 80 qui perçoivent l'indemnité des activités d'intérêt général dont la rémunération ne dépasse pas les 300 DA. Cela en sus des 20 postes PID qui nous ont été accordés récemment par la DAS», conclut notre interlocuteur.