Les autorités locales ont été instruites pour ne pas tomber dans la provocation et répondre favorablement aux doléances des populations. La Jordanie, le Yémen, il y a quelques jours, et l'Egypte hier ont été secoués par des mouvements de foule et des manifestions plus où moins violentes. Chez nous, les autorités, mises à rude épreuve lors des heurts du début de ce mois entre des jeunes et les forces de l'ordre, semblent avoir retenu la leçon et tentent d'apaiser au maximum la situation. Les émeutes déclenchées par la flambée des prix de certains produits de large consommation, notamment l'huile et le sucre, avait fait quatre morts et plus de 70 blessés dont plusieurs policiers. Mais l'augmentation des prix n'était qu'un prétexte pour les jeunes qui, dans leurs témoignages à la presse et sur le plateau de la télévision, avouaient que leur plus grand problème restait le chômage, l'exclusion et le manque de considération de la part des élus. Très réceptifs à ce message, les pouvoirs publics ont pris une série de mesures, dont notamment la baisse des prix de l'huile et du sucre. En direction des jeunes, des concertations sont en cours à différents niveau pour trouver la meilleure manière pour ne pas «toucher» aux milliers de jeunes activant dans le commerce informel. En attendant, le plus urgent est la stabilité de la situation générale. Il ne faut pas bousculer les choses et surtout éviter la provocation de la population. Il y a lieu de signaler que les autorités avaient, bien avant les émeutes des jeunes qui étaient parties du quartier populaire de Bab El Oued à Alger, entrepris une série de mesures pour assainir l'activité des marchés publics ainsi que celle des marchands ambulants ou à la sauvette. C'est en ce sens que des rues et certains espaces ont été «dégagés» des vendeurs, souvent dénoncés par les commerçants «légaux». Les vendeurs informels avaient squatté les principales artères des centres-villes en les transformant en véritable bazar sous l'œil «protecteur» de la police, des autorités viennent d'annoncer que des assiettes foncières seront mises à la disposition des jeunes pour créer ainsi des mini zones où ils devraient bénéficier de l'aide de tout le dispositif pour résorber le chômage. Par ailleurs, les préoccupations exprimées par les jeunes porteurs de projets, relatives au foncier notamment, ont soudainement trouvé un écho. Une réflexion locale est ainsi engagée. Le problème des chèques postaux éliminé en moins d'une semaine Il a été aussi question d'éviter la colère qui viendrait du non-paiement des citoyens par chèques postaux en raison du saccage des bureaux de poste et notamment des centres payeurs. Ainsi, moins d'une semaine après leur destruction, plusieurs centres ont été rouverts et des personnes ont été payées même si les travaux n'étaient pas encore totalement achevés. Il fallait pallier au plus pressé et les autorités ont mis le paquet pour la réouverture de ces centres qui n'arrivent pas à faire face à la grande demande. De longues files sont souvent constatées au niveau de ces points et à longueur de journée. Priorité à l'électrification, au bitumage et à l'installation de points d'eau Aussi, les autorités locales ont été instruites pour ne pas tomber dans la provocation et répondre favorablement aux doléances des populations. Ainsi, il a été même décidé de procéder à l'électrification, au bitumage et l'installation de points d'eau au niveau des bidonvilles. Les jeunes de ces bidonvilles ont été, dans certaines localités, les «plus actifs» lors des manifestations. Il a été décidé le gel de toutes les opérations de démolition de constructions illicites entamées par les communes tout comme les opérations des expulsions relatives au non-payement de loyers. Plus encore, les autorités locales se sont subitement montrées intéressées par l'environnement du citoyen et elles ont lancé par conséquent une campagne pour éradiquer les dépotoirs sauvages qui ternissent nos villes. Tout le monde participe, même les services de sécurité, à cette campagne de nettoyage. Des instructions ont été aussi données pour faciliter aux familles démunies le paiement de leur quote-part pour le raccordement au gaz naturel. Face au phénomène de l'immolation, lui aussi «hérité» de la Tunisie, les autorités ne semblent pas accorder leurs violons. Si le ministre de l'Intérieur estime que ce n'est pas là un moyen de mettre la pression sur le pouvoir, certains élus se sont par contre précipités pour tranquilliser les victimes en les «assurant» de répondre favorablement à leurs doléances. Sur le terrain, il a été également décidé de réactiver une note vieille de dix ans, interdisant aux gérants des stations services de vendre des carburants dans des jerricans, bidons et autres récipients.