Malgré les difficultés financières des entreprises du secteur du BTPH, les créances détenues sur l'Etat n'ont pas encore été payées. L'appel du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lancé en décembre 2010 à l'administration «n'a pas encore été mis en application», s'est plaint Mouloud Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA). Contacté hier, il a relevé que les entreprises ne seront payées qu'à partir du mois de mars puisque le Trésor public ne reprendra ses activités qu'à cette date. «Les dossiers des entreprises sont en souffrance aux niveau des administrations», a-t-il regretté, dénonçant les lourdeurs administratives. «Les directives du Premier ministre n'ont pas été appliquées», a-t-il insisté. Pour le secrétaire général de la Confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens (CGEOA), Mahfoud Megateli, le retard accusé pour le payement des entreprises est un sérieux obstacle qui a lourdement affecté la trésorerie des entreprises qui ont réalisé des projets publics. Il trouve inadmissible que les entreprises ne soient pas payées à temps, surtout lorsqu'elles ont réalisé les projets dans les délais, tout en respectant les clauses des cahiers des charges. Même si un retour à la stabilité a été enregistrée concernant les matériaux de construction, notamment le ciment, M. Megatli a jugé indispensable d'évaluer les besoins pour le programme d'un million de logements inscrit dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014. Pour les autres produits rouges, comme la brique, le sable et les autres agrégats, il a estimé qu'ils seront disponibles en raison du nombre important de petites entreprises et de carrières qui produisent ces matériaux. Cependant, le fer a enregistré récemment une hausse de 20% comparativement aux prix sur le marché international, a relevé M. Kheloufi, qui a reconnu que les prix des autres matériaux sont stables. Les opérateurs économiques qui sont chargés de la réalisation des projets pour le compte de l'Etat n'ont pas eu de difficultés pour avoir les matériaux de construction, a affirmé M. Megatli. Ces opérateurs ne recourent au marché informel que pour compléter leurs besoins en certains matériaux. La disponibilité des matériaux de construction a connu une amélioration au cours de 2010, a-t-il affirmé, expliquant que le déficit en ciment a été complété par des opérations d'importation et par la hausse des capacités de production de certaines cimenteries. Concernant les actions entreprises par le ministère du Commerce pour assainir le marché des matériaux de construction en organisant des opérations de contrôle, M. Kheloufi a salué cette initiative qui a pour objectif de régulariser le secteur de la distribution de ces matériaux. Ce que craint le président de l'AGEA, c'est le retard accusé à présent pour la publication des textes d'application du code des marchés publics. Lesquels textes sont indispensables pour lancer les projets du programme quinquennal 2010-2014, qui accuse déjà un retard d'une année pour son lancement. «Il ne reste que trois années pour réaliser le programme dans sa totalité», a-t-il remarqué, craignant d'éventuelles difficultés pour l'achever dans les délais impartis.