La commune de Naciria, à 45 kilomètres à l'est du chef-lieu de la wilaya de Boumerdès, a été, jeudi dernier, le théâtre de protestations de jeunes chômeurs réclamant des postes de travail. Vers 8h30, plusieurs dizaines de jeunes ont investi la RN12 au niveau de la station-service qu'ils ont ferméé à l'aide de pneus enflammés, de barricades et de troncs d'arbres pour réclamer le rétablissement du dispositif d'emploi du contrat de formation et d'insertion (CFI). Depuis que les pouvoirs publics ont confié la gestion dudit dispositif aux directions de wilaya, les jeunes sont dans le désarroi. «Nous ne savons plus à quel saint nous vouer, car depuis la mise en place de cette mesure, nous avons d'énormes difficultés pour décrocher un poste d'emploi CFI», nous dira un protestataire. Les jeunes enrôlés dans le CFI perçoivent un salaire de 12 000 DA par mois, ce qui est pour la plupart d'entre eux une aubaine pour subvenir un tant soit peu à leurs besoins. Mais cela reste insuffisant d'autant que la valeur du dinar a drastiquement chuté ces dernières années, entaînant la diminution du pouvoir d'achat. «Auparavant, décrocher un poste d'emploi CFI était facile mais maintenant, c'est vraiment très difficile», nous dira un autre protestataire avant d'ajouter : «Il faut connaître quelqu'un dans l'administration pour se faire embaucher». Ce dispositif était géré durant deux ans par les APC et les bureaux de l'Anem. Les manifestants ont réclamé le maintien dudit dispositif et dénoncent le favoritisme au sein des administrations qui ne cesse de s'accroître particulièrement dans les périodes de recrutement. Au niveau de cette commune, ce dispositif a permis le recrutement de plus de 400 jeunes. Ils intervenaient dans le gardiennage des écoles primaires et le nettoyage des voies et axes routiers. L'action de protestation des jeunes a été enclenchée peu de temps après la tenue d'une rencontre sur la vulgarisation des dispositifs d'emploi qui se tenait au niveau de la maison de jeunes de Naciria. Cette rencontre a été organisée par la direction de l'emploi de la wilaya à l'effet d'encourager les jeunes à se lancer dans la création de leurs propres projets. «Plusieurs jeunes ont opté pour cette option, mais ça ne marche pas du fait de l'existence d'une multitude de contraintes comme la bureaucratie et le favoritisme», tempête un autre jeune en colère. Et un autre d'enchaîner : «Pour monter un projet Ansej, il faut au moins plus de 50 millions pour démarrer et la plupart des jeunes ne disposent pas de cette somme». L'action des jeunes protestataires a failli tourner au drame suite à l'intervention des forces de l'ordre pour disséminer les manifestants et libérer la route à la circulation. Une délégation de manifestants fut alors créée et a été reçue par le chef de daïra qui leur a promis de soumettre leurs revendications à l'administration. Notons que par ailleurs, cette action a créé d'énormes embouteillages sur cet important axe routier qui relie, via la RN5, l'est du pays à l'ouest. Plusieurs automobilistes ont rebroussé chemin et emprunté des routes secondaires pour rejoindre leurs destinations. Par ailleurs, il est à rappeler que plusieurs jeunes avaient manifesté, le mois dernier, leur colère contre le chômage dans la commune limitrophe de Bordj Ménaïel.