Le débat autour de l'état d'urgence est de nouveau sous les feux de la rampe. Plusieurs syndicalistes et militants des droits de l'homme préparent actuellement un rassemblement devant se tenir le mois prochain pour revendiquer la levée de cette mesure instaurée en 1992. C'est là une revendication qui fait presque l'unanimité de la classe politique algérienne, à l'exception de deux partis qui ne sont pas des moindres. Il est question du RND et du FLN qui sont les deux formations les plus influentes de l'échiquier politique et de surcroît les plus représentatives au sein des assemblées élues, notamment au Parlement avec ses deux chambres. «Le maintien de l'état d'urgence ne gêne ni la démocratie ni la liberté d'expression», affirme d'emblée Miloud Chorfi, porte-parole du RND. La menace terroriste est toujours persistante, ce qui constitue, aux yeux du même responsable, un argument valable pour que l'état d'urgence soit toujours en vigueur. «On n'a pas éradiqué complètement le terrorisme. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous pensons au RND que l'état d'urgence est toujours nécessaire», a encore argué Miloud Chorfi. Idem pour le FLN, qui par la voix de son chargé de la communication, Kassa Aïssi, se dit également favorable au maintien de l'état d'urgence. «Cette mesure ne constitue pas un frein à l'exercice de l'activité politique ni à la liberté d'expression. Si le débat est actuellement relancé par rapport à l'état d'urgence, c'est là la preuve indéniable que celle-ci ne dérange nullement», estime ce responsable. En revanche, le MSP, qui est pourtant partenaire du FLN et du RND dans le cadre du conglomérat de l'Alliance présidentielle, diverge avec ces deux alliés au sujet de la question. En d'autres termes, «le MSP est contre le maintien de cette mesure», explique Abderrezak Mokri, un des cadres du parti, contacté hier. Il rappellera que le MSP a même introduit un projet de loi à l'APN pour qu'il y ait levée de l'état d'urgence. «Ce projet sommeille depuis des années dans les bureaux de l'APN», affirme encore Abderrezzak Mokri, tout en insistant sur la nécessité de procéder à la levée de l'état d'urgence, qui, selon lui, constitue «une mesure restrictive des libertés individuelles et de l'activité politique». Le même interlocuteur du MSP indique en outre que son parti n'est point inquiété du fait qu'il diverge avec ces partenaires de l'Alliance présidentielle au sujet de l'état d'urgence. «Il n'y a pas que la question de l'état d'urgence, il y a beaucoup de points sur lesquels les partenaires de l'Alliance présidentielle divergent», s'est contenté de répondre Abderrezzak Mokri.