La question de l'état d'urgence et de sa levée évoquée par le général de corps d'armée Mohamed Lamari a suscité, hier, des réactions mitigées au sein de la classe politique. Le RCD par la voix de son secrétaire national à la communication, Hamid Lounaouci, pense que l'état d'urgence “sur le plan politique n'a servi qu'à réprimer les libertés publiques”. Il rappelle à cet égard que “le département de Zerhouni et notamment le service des libertés publiques prennent prétexte de l'état d'urgence pour interdire les marches publiques et les manifestations, particulièrement dans la capitale”. Aussi et faisant allusion à la revendication de la levée de l'état d'urgence, Hamid Lounaouci assène que “le débat actuel sur la levée de l'état d'urgence ne nous intéresse pas, dans la mesure où il a été enclenché dans une conjoncture où les manœuvres politiciennes ne sont pas absentes”. “Nous ne sommes pas intéressés pour le moment à accompagner les frétillements de quelques personnalités dont les objectifs sont connus de tous les Algériens, habitués qu'ils sont aux compagnonnages avec les islamistes, même si nous le répétons jusqu'au jour d'aujourd'hui que l'état d'urgence n'a servi qu'à pénaliser les citoyens, les démocrates et la presse”, dira-t-il. Du côté du FFS, il est revendiqué “la levée immédiate” de cette mesure. C'est ce qu'a soutenu en tous cas, hier, Karim Tabbou, le chargé de la communication de cette formation qui souligne, par ailleurs, que la levée de l'état d'urgence “est un signe de bonne volonté et d'ouverture du champ politique”. Pour le FLN, la levée de l'état d'urgence tout comme son instauration sont des “mesures qui ne peuvent pas être prises facilement”. Selon Abdesslam Medjahed, chargé de la communication au sein de cette formation, “c'est aux pouvoirs publics, qui ont des données précises et concrètes sur la situation sécuritaire, que revient la prérogative de lever ou d'instaurer l'état d'urgence”. Le parti de Djaballah réitère, pour sa part, sa position sur cette question. Il a de tout temps revendiqué sa levée. “Nous revendiquons sa levée dans l'immédiat”, dira Djahid Younsi. Par ailleurs, les formations politiques interrogées, hier, ont exprimé leurs réactions par rapport à la sortie médiatique du général de corps d'armée Mohamed Lamari. Dans ce cadre, le FLN, le RCD et le RND s'accordent à ne pas trouver matière à commentaires dans les propos du général. Hamid Lounaouci, secrétaire national à la communication au RCD, indique qu'“en tant que formation politique, nous n'avons aucun commentaire à faire sur les déclarations du général de corps d'armée”. “Nous laissons la population algérienne apprécier sa sortie médiatique”, dira-t-il. Pour Miloud Chorfi du RND, “les déclarations de Lamari sont logiques”, car “on est en démocratie”, explique-t-il. De l'avis de Adesslam Medjahed du FLN, “l'intervention du général vient à point nommé, s'agissant de la question de la présidentielle, en ce sens que l'opinion nationale a toujours été intéressée par le point de vue de l'institution sur cette échéance”. “Cette déclaration est de nature à apaiser le débat national, puisque l'armée déclare respecter la légitimité populaire”. Le FFS, par la voix de Karim Tabbou pense que les déclarations de Lamari “sont truffées de mensonges et de contradictions et loin de correspondre à la réalité du terrain”. M. Tabbou souligne : “je relève une contradiction des plus flagrantes avec celles faites par Ouyahia, il y a une année de cela, où il réduisait le nombre de victimes à 26 000 alors que Lamari dit, aujourd'hui, qu'il y a 150 000 morts.” “Plus grave encore, lorsqu'il avance que la situation politique s'est améliorée, alors qu'il n'explique pas comment cette situation s'est améliorée”. Au plan politique, la contradiction réside, selon M. Tabbou, dans “l'implication de cette institution dans les affaires politiques du pays”. La seule formation politique qui salue les déclarations de Lamari est celle de Djaballah. Djahid Younsi, membre de la direction de ce parti, dira : “on salue la position de Lamari par rapport à son respect de la légitimité populaire”. “L'institution militaire, dira-t-il, a l'intention de s'engager dans une nouvelle expérience en dehors du champ politique. Nous attendons la concrétisation de cette intention.” N. M.