, les prix du pétrole ont augmenté hier à 99,60 dollars. Ils risquent de flamber aussi à cause des tensions qui pourraient affecter le passage stratégique du canal de Suez et générer une «pénurie» de pétrole, indiquent les spécialistes. De l'avis de l'expert pétrolier, Mourad Preure, il y a deux tendances concernant les prix de pétrole. «La tendance de court terme tire les prix vers le bas en raison de la faiblesse de la croissance économique et le recul de la demande sur le pétrole», a-t-il expliqué, ajoutant que celle de «long terme prévoit un épuisement des réserves qui tirent les prix vers le haut». Les prix de l'or noir évoluent de manière erratique sous l'effet de conflits entre les deux tendances, a-t-il appuyé. La part de la spéculation dans les prix est également très élevée. Sachant que 30% du trafic pétrolier passent par le canal de Suez, sa fermeture va provoquer une crise, a prévenu l'expert, justifiant que «c'est pour cette raison que les prix ont augmenté à 99 dollars le baril». Mais, a-t-il assuré, «ce n'est pas une tendance robuste. Je ne pense pas que les prix, sauf dégradation significative en Egypte, s'orientent vers la hausse d'une manière très forte». Cela a pour principale raison les surcapacités de production de l'Opep qui sont de 6 à 7 millions barils/jour et la faiblesse de la demande. Aujourd'hui, le prix du brent coté à l'International Petroleum Exchange de Londres dépasse de 12 dollars celui du brut coté à New York Mercantile Exchange. La cause est les importants stocks aux Etats-Unis. M. Preure a relevé que le marché n'a jamais connu un écart aussi important entre le brent et le brut du Texas. «Ça nous donne une situation assez spéciale», a-t-il souligné. A propos de l'impact du risque de fermeture du canal de Suez sur les prix, l'expert a indiqué que ceci tire les prix vers le haut de manière très conjoncturelle. Mais, de son avis, «le canal de Suez ne sera pas fermé». La peur de la fermeture du canal est justifiée par le fait que cela engendrera un rallongement de 2000 km du trafic pétrolier. Selon certains spécialistes, «la fermeture du canal rallongerait de 10 jours le voyage des tankers en direction de l'Amérique du Nord, et de 18 jours vers l'Europe». D'autres experts pétroliers craignent une grève qui pourrait altérer la circulation des pétroliers. Hausse de la production de l'Opep Sur une éventuelle hausse de la production de l'Opep, il a indiqué que les pays membres dépassent déjà leur quota de production. «Nous avons commencé à entendre parler d'une augmentation de la production de l'Opep parce que les prix du pétrole risqueraient de menacer le retour à la croissance de l'économie mondiale.» Etant donné que la reprise de l'économie mondiale n'est pas encore robuste, «l'Opep peut tenter, à travers l'Arabie Saoudite, d'augmenter sa production», a-t-il ajouté. Le secrétaire général de l'organisation, Abdallah El Badri, a indiqué que l'OPEP serait prête à accroître sa production. M. Preure s'attend, par contre, de voir les prix impactés par la vague de froid et l'instabilité au Moyen-Orient qui vont se faire sentir sensiblement sur le marché. Ce dernier «va intégrer le risque géopolitique qui est en train de surgir dans le monde arabe. Les prix du pétrole se renforceront pour cela». Sur une éventuelle hausse des prix du baril, il a relevé que l'économie mondiale est en convalescence en plus de la crise de la dette souveraine en Europe. En 2008, l'économie mondiale pouvait absorber un baril à 145 dollars, mais actuellement, elle ne peut pas supporter ce prix, a-t-il estimé. ne hausse durable de 10% du prix du baril peut amputer la croissance mondiale de 0,25% sur un trimestre, indiquent par ailleurs des analystes.