C'est avec un goût d'inachevé que les partis de l'opposition ont réagi aux décisions du Conseil des ministres de ce jeudi, puisque d'aucuns pensent que les mesures prises au palais d'El Mouradia ne sont pas suffisantes pour instaurer une démocratie basée sur une véritable justice sociale. La décision du chef de l'Etat sur la levée imminente de l'état d'urgence reste «floue», selon le secrétaire général du parti El Islah, Djamel Benabdeslam, qui dira que «la levée de l'état d'urgence ne doit pas être partielle et devra toucher tout le territoire sans exception». En ce qui concerne l'ouverture médiatique des médias lourds sur les partis politiques et les organisations de masse, notre interlocuteur pense que «la décision du pouvoir à lever le monopole sur les médias lourds prouve tout simplement que ceux-ci étaient inaccessibles à l'opposition par décision du pouvoir». Et tout en trouvant que la décision du dernier Conseil des ministres est pertinente, le secrétaire général d'El Islah demande «plus de liberté d'expression à travers des confrontations politiques sur les ondes de la télévision et de la radio nationale afin que chaque parti politique puisse étaler son programme et exposer ses points de vue». Notre interlocuteur trouve que les décisions du Conseil des ministres «restent en deçà des aspirations du peuple». Pour sa part, le parti du Front des forces socialistes (FFS) trouve que les décisions prises par le chef de l'Etat concernant la levée de l'état d'urgence «dans un très proche avenir» signifient que «depuis 18 ans, le pays vit sans Constitution et sans institutions légitimes ou légales. Cela signifie aussi que le problème de la légalité et de la légitimité reste entier». Cette décision «peut être perçue comme un signal positif, mais le projet d'élaboration d'une nouvelle loi intitulée ‘‘loi de lutte antiterroriste'' engendre l'inquiétude et le soupçon», déclare le FFS dans un communiqué rendu public. Même son de cloche chez le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), qui déclare, dans un communiqué rendu public, qu'«une fois de plus, le pouvoir algérien manque le train de l'Histoire. Au lieu de répondre à des aspirations populaires légitimes de demande de changement d'un système politique qui a ruiné la nation et asservi le peuple, au lieu de prendre la mesure des périls qui guettent l'Algérie, le pouvoir choisit un week-end pour s'assurer du monopole de la communication et s'essaie encore à la manœuvre et aux provocations pour créer la diversion». Pour le Front national algérien (FNA), l'ouverture médiatique reste une «mesure très bonne, mais les médias en général et les journalistes en particulier doivent respecter l'éthique et la déontologie», comme le précise le président de ce parti, Moussa Touati. Dans un communiqué qu'il a rendu public hier, le Front de libération nationale (FLN) fait part d'une grande satisfaction par rapport aux décisions prises par le chef de l'Etat lors du Conseil des ministres de ce jeudi. Par ailleurs, le parti de Abdelaziz Belkhadem trouve que les mesures concernant l'ouverture médiatique et la levée de l'état d'urgence sont très appropriées dans les moments actuels. L'intérêt affiché par le chef de l'Etat envers la jeunesse a ressorti des décisions courageuses de sa part envers cette frange de la société, comme a été courageuse sa décision concernant la lutte contre la corruption. Dans son communiqué, le FLN précise que sa politique, qui se penche sur plus d'intéressement envers la jeunesse depuis le neuvième congrès, se traduit aujourd'hui dans les décisions du premier magistrat du pays, comme le démontent les décisions prises par le chef de l'Etat lors du Conseil des ministres de ce jeudi.