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«Il n'y a pas eu de pénuries de vaccins pédiatriques»
Le professeur Mohamed Tazir, directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie, au Temps d'Algérie :
Publié dans Le Temps d'Algérie le 09 - 02 - 2011

L'année 2010 s'est caractérisée par des pénuries récurrentes de vaccins pédiatriques. Le constat a été fait au niveau de plusieurs services sanitaires de la capitale et des wilayas du pays, particulièrement durant le mois de juin et à la fin de l'année écoulée. Quelles en sont les raisons ?
Depuis le mois de juin 2010, l'Institut Pasteur Algérie n'a plus enregistré de rupture de stocks de vaccins pédiatriques. Depuis cette date, il n'y a jamais eu de pénurie. En fait, nous ne pouvons parler de pénurie que lorsque tous les services sanitaires répartis sur le territoire national évoquent le problème. Or ce n'est pas le cas. Il est vrai que certains services accusent un manque, alors que d'autres non.
Même au niveau de la capitale, il y a un dysfonctionnement au sein de certaines structures. Nous pouvons par conséquent parler de manque d'organisation et non de pénurie. Je reçois quotidiennement un bilan sur l'état du stock. Je suis de cette manière alerté à temps. Tenez, aujourd'hui par exemple, le bilan fait état de la disponibilité de 2 700 000 doses de vaccin contre la poliomyélite, de 1 600 000 doses de vaccin contre le BCG.
Chaque responsable de centre sanitaire doit prendre les dispositions adéquates pour faire enlever, sur présentation d'un bon de commande en bonne et due forme, son quota, cela relève de sa responsabilité. Je le répète, il s'agit très souvent d'un manque d'organisation et de sérieux de la part de certains responsables, au niveau des établissements sanitaires. Comment peut-on expliquer l'oubli d'un bon de commande, ou encore celui de la glacière ? Ce ne sont là que quelques-uns des problèmes rencontrés tous les jours, mais il y en a d'autres, à l'origine de ces alertes qui vous parviennent.
Les nouvelles mesures introduites dans la loi de finances complémentaire de 2009 ont pénalisé plusieurs secteurs, qu'en est-il du vôtre ?
Oui, certainement. Auparavant, l'achat se faisait plus rapidement. Mais avec l'introduction des nouvelles mesures, les procédures d'acquisition des vaccins demandent plus de temps. Pour le paiement également, il y a eu un grand changement qui pèse sur l'Institut, avec l'instauration du crédit documentaire. Avant, le paiement des fournisseurs se faisait après la réception des vaccins et des autres produits biologiques et avec un calendrier de livraison qui nous permettait de payer par échéances et nous évitait les ruptures de stocks.
Avec la nouvelle loi, en gros, l'argent est bloqué à la banque, avant la livraison des produits commandés. Ce qui fait que nous nous retrouvons souvent avec une trésorerie en difficulté et des magasins vides, car la marchandise (les vaccins et autres réactifs de laboratoire) ne nous est livrée qu'après encaissement de la banque du fournisseur.
En clair, nous payons d'avance et nous attendons qu'on veuille bien nous livrer dans les délais, ce qui est rarement le cas. Avec l'appui des directions de la prévention et de la pharmacie du ministère de la Santé, nous avons entamé une réflexion pour proposer aux autorités concernées un aménagement des procédures, afin qu'en 2011 beaucoup d'obstacles soient levés pour l'approvisionnement en vaccins et en réactifs de laboratoires.
Le groupe Saidal a conclu un partenariat avec le groupe cubain Heber Biotic en 2009 pour la fabrication du vaccin contre l'hépatite B. Où en est le projet et quels sont les vaccins produits par l'IPA ?
A ma connaissance, Saidal ne produit aucun vaccin au jour d'aujourd'hui. Concernant le projet de partenariat de Saidal avec la partie cubaine, seuls les responsables de cette entreprise peuvent vous donner des informations. Pour ce qui est de la fabrication de vaccins à usage humain, en dehors du vaccin contre la rage produit par nos laboratoires, il n'y a aucun vaccin fabriqué en Algérie. Ce vaccin humain contre la rage est produit sur tissus de cerveau de souriceau nouveau-né.
C'est un vaccin qui ne revient pas cher. Il est très sûr, très fiable et d'efficacité reconnue. Dans les années 90, nous en avons même exporté vers l'Institut Pasteur du Madagascar. Nous ne sommes pas encore passés au système cellulaire qui demande beaucoup d'investissement. C'est ce que nous pensons pouvoir réaliser dans un proche avenir.
Vous savez, les vaccins ne sont pas simples à fabriquer. Il faut disposer de personnels hautement qualifiés en nombre suffisant, ce qui nécessite de longues années de travail et de formations pointues et de très haut niveau. Il faut une grande capacité d'innovation dans le domaine des biotechnologies et des sciences biologiques. Cela exige des équipements et des matériels très coûteux, qui nécessitent une maintenance permanente et rigoureuse. Tout cela coûte extrêmement cher.
Il faut donc disposer de moyens financiers très importants. De plus, pour certains vaccins, vous ne pouvez pas fabriquer pour seulement 30 millions ou 50 millions d'habitants, c'est quasiment impossible du point de vue du calcul économique. La Chine ou l'Inde peuvent le faire grâce à leur marché intérieur. Les laboratoires existants sont des multinationales qui fabriquent pour le monde entier. D'ailleurs, leur nombre ne dépasse pas trois ou quatre.
Il faut que les vaccins pédiatriques qui entrent dans le cadre de la vaccination gratuite et obligatoire arrivent chez nous à un tarif qui ne dépasse pas les quelques centimes, autrement il est impossible de l'acheter. Les vaccins contre la grippe saisonnière, par exemple, sont eux aussi produits en centaines de millions de doses pour le monde entier, ce qui nous permet d'ailleurs de l'acquérir à un tarif raisonnable. Ainsi, la fabrication chez nous de ce type de vaccin n'est pas pour demain.
Quel est le budget alloué annuellement à l'acquisition des vaccins pédiatriques ? Y a-t-il des difficultés en la matière ?
L'Algérie ne recule devant aucun effort en ce qui concerne la protection maternelle et infantile. Le budget alloué par l'Etat est très important. Les vaccins pédiatriques représentent la bagatelle de plus de 2 milliards DA annuellement.
Et pour la fabrication de vaccins vétérinaires ?
Pour ce qui concerne la production de certains vaccins vétérinaires, l'IPA possède un savoir-faire depuis des années. Outre le vaccin contre la rage animale, nous produisons les vaccins contre la clavelée des moutons avec 16 à 17 millions de doses annuellement.
L'IPA produit également des sérums à usage humain, comme les sérums antirabiques, antiscorpioniques et antivipérin. Ces produits sont conçus en Algérie depuis longtemps. C'est un savoir-faire bien maîtrisé. Une de mes missions, sur ce volet, est de maintenir ce savoir-faire et le transmettre aux générations futures, même si cela est difficile.
Les jeunes d'aujourd'hui ne veulent pas s'occuper des chevaux et des animaux en général. Il faut savoir que l'institut Pasteur d'Algérie est un établissement très ancien. Il a été créé en 1995 pour contribuer à traiter le paludisme et soigner les personnes mordues par les animaux enragés. Il est à ma connaissance la plus ancienne institution scientifique au service de la santé publique dans notre pays.
Ses missions principales, il faut le rappeler avec force, sont la recherche en biologie et en épidémiologie des maladies transmissibles, l'enseignement de haut niveau dans le domaine de la lutte contre les maladies infectieuses, et la référence dans les domaines de diagnostics biologiques. L'IPA est une institution sous tutelle du ministère de la Santé, au service de la santé publique.
A ce titre, il constitue l'outil privilégié des pouvoirs publics et participe à l'organisation de la prévention, le diagnostic et le traitement des maladies infectieuses. L'Etat lui a confié l'approvisionnement en matière de vaccins, sérums et réactifs.
Ce qu'il fait, soit par la fabrication, soit par l'importation et la commercialisation et distribution. L'IPA participe notamment à la formation des médecins, des pharmaciens microbiologistes et immunologistes pour la faculté de médecine. Il est un terrain de stage de formation et de perfectionnement de plusieurs générations de biologistes médicaux.

Plusieurs associations préconisent l'introduction de certains vaccins non inscrits actuellement dans le calendrier de vaccination en Algérie, notamment celui de la méningite. Qu'en pensez-vous ?
C'est le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, particulièrement son service de la prévention, qui a la prérogative de décider de l'introduction de nouveaux vaccins. La décision se base sur plusieurs études et analyses faites par les médecins spécialistes et les institutions concernées comme l'Institut national de santé publique (INSP). Sont pris en compte bien sûr les critères d'efficacité, d'opportunité et de coût.
Que pensez-vous de l'enregistrement du vaccin contre le cancer du col de l'utérus ?
Le vaccin contre le cancer du col de l'utérus devrait réduire sensiblement le nombre de victimes de cette terrible maladie. Mais il faut dire que son introduction est aujourd'hui l'objet de débat au sein de la communauté médicale et scientifique de notre pays.
Vous évoquez des contraintes rencontrées au niveau de votre Institut pour l'approvisionnement des hôpitaux en réactifs et produits biologiques. De quelle nature sont-elles ?
En tant qu'utilisateur et fournisseur de produits et de réactifs servant aux diagnostics de maladies et aux laboratoires de recherche, nous sommes effectivement confrontés entre autres à un problème sérieux, celui de l'approvisionnement en certains réactifs sensibles.
Il s'agit de produits biologiques qui ont souvent une durée de vie limitée, allant de quelques heures à quelques semaines. Ils sont fragiles, instables et coûtent excessivement cher. Quand nous introduisons la commande de ces réactifs, pour faire une quelconque analyse, nous sommes tributaires de cette livraison. Une fois le produit arrivé, il faut lui faire franchir les mesures douanières qui demandent du temps.
Il faut savoir que certains de ces produits biologiques doivent être maintenus à une température négative, soit moins 20° à moins 80°. Souvent ces produits, très coûteux, arrivent à expiration au niveau de l'aéroport, soit avant même d'être réceptionnés par notre laboratoire. C'est pour cela que j'insiste sur la nécessité de faire parvenir ces produits directement de l'aéroport au laboratoire.
Tout en restant en conformité avec la réglementation, les modalités et les procédures doivent être élaborées et mises en place en concertation avec les autorités concernées. A ce propos, je dois dire que les services de l'IPA font tout leur possible pour satisfaire les utilisateurs.
Cela en dépit de toutes les difficultés qui sont souvent le fait de l'environnement réglementaire et administratif. Je tiens à préciser que nous importons 7000 à 8000 produits biologiques et chacun a sa spécificité. Encore une fois, un produit biologique ne devrait pas être soumis au même type de contrôle qu'un produit alimentaire, cosmétique ou autre.
Certes, la période pour se faire vacciner contre la grippe saisonnière est passée, néanmoins pensez-vous qu'il est nécessaire de généraliser le vaccin antigrippal ?
Pas du tout. Ce vaccin est préconisé pour les personnes fragiles, souffrant de certaines maladies chroniques, ou pour celles âgées de plus 65 ans. La généralisation serait inutile et coûterait trop cher.

Un dernier mot pour la nouvelle année 2011...
Je voudrais signaler que dans le monde entier, la presse et la population sont des alliés naturels et sont fiers des institutions scientifiques de leur pays.
Or, chez nous, ce n'est malheureusement pas le cas. Nous, nous sommes la cible de certains organes de la presse nationale qui portent contre l'IPA des accusations, des faits graves non vérifiés. Des ragots ou même des futilités sont publiés pour porter atteinte à l'image de marque de l'IPA. Il s'agit clairement d'une volonté de nuire à l'institution.
Dans quel but, je me le demande ! Je ne comprends pas cet acharnement. Allah yehdihoum ! Enfin, pour changer l'opinion de la presse envers l'Institut, nous comptons organiser, d'ici le printemps, des journées portes ouvertes pour lui permettre de constater de visu le travail sérieux et les efforts qui sont faits par nos jeunes chercheurs afin de rehausser le niveau de la science biomédicale algérienne. Bonne année à tous les Algériens.


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