Le représentant du Front Polisario pour l'Europe, Mohamed Besseit, a dénoncé hier après-midi le forcing diplomatique effectué pendant plusieurs semaines auprès des 27 par le gouvernement espagnol, avec le soutien de la France, pour faire proroger l'accord de pêche UE-Maroc «au moins pour une année supplémentaire », comme l'a suggéré la ministre espagnole de l'Agriculture, Rosa Aguilar. Pour le représentant sahraoui, l'Espagne veut que ses chalutiers soient autorisés par les autorités marocaines à pêcher dans les eaux du Sahara occidental, comme ils le font depuis l'entrée en vigueur de cet accord en février 2007, alors que ce territoire est classé «non autonome» par les Nations unies. Hier, le comité des ambassadeurs des 27 était sur le point de se prononcer favorablement sur l'initiative de Mme Aguilar, qui avait toutes les chances d'aboutir en soirée, tant la pression des Espagnols était forte grâce au soutien de ses alliés, généralement les pays de la rive sud de la Méditerranée. Ceux du nord de l'Europe, comme le Danemark et la Suède, ont vainement fait valoir le rapport rendu public en 2010 par les services juridiques du Parlement de Strasbourg attirant l'attention de la Commission européenne sur le caractère illégal d'un tel accord qui autorise la pêche dans les eaux d'un territoire qui est sous occupation militaire du Maroc et non sous sa souveraineté. La Commission européenne avait laissé entendre qu'elle autoriserait la prorogation de l'accord en question, mais que cette initiative devrait toutefois recueillir l'accord du Parlement européen pour qu'elle puisse entrer en vigueur. «Aucun pays de l'Union européenne et d'ailleurs ne reconnaît pourtant les prétentions du Maroc à annexer le Sahara occidental», a déclaré Mohamed Besseit, qui n'a pas caché sa «déception» envers l'attitude de l'Espagne, le plus grand bénéficiaire de l'accord de pêche UE-Maroc qui parvient à expiration le 27 du mois courant. Sur les 117 licences accordées par Rabat aux chalutiers européens pour pêcher au Sahara occidental, la zone la plus poissonneuse de la côte ouest atlantique, 100 ont été attribuées aux pêcheurs espagnols. En contrepartie, le Maroc bénéficie d'une rétribution de plusieurs dizaines de milliers d'euros, accompagnée de multiples avantages pour le renouvellement de sa flotte de pêche et la formation de ses pêcheurs. «L'Espagne a choisi les intérêts économiques et le pillage des richesses de son ancienne colonie aux principes qu'elle prétend défendre», a déclaré M. Besseit, pendant que de leur côté des eurodéputés ont critiqué l'attitude de complaisance dont jouit Rabat en toutes circonstances auprès des gouvernements européens, les mêmes qui «ferment les yeux sur ce qui se passe dans les pays arabes».