On se demande quel sera le sort des mosquées de la wilaya de Tizi Ouzou si les imams venaient à observer une grève. Peut-on sacrifier le prêche du vendredi ? La question mérite de donner à réfléchir aux responsables en charge du secteur. Ils exercent en tant qu'imams-professeurs, imams-enseignants, mais ils se retrouvent sans salaire depuis des mois. C'est la situation que vivent plusieurs imams de Tizi Ouzou qui n'ont pas osé, jusqu'à présent, s'exprimer publiquement, préférant la voie du dialogue avec les autorités concernées de la wilaya, en premier lieu la direction des affaires religieuses et des wakfs. Selon un imam qui a préféré garder l'anonymat par peur de représailles ou d'exclusion, ils sont «sans salaire depuis près d'une année, alors que la direction des affaires religieuses ne cesse de faire des promesses de règlement de la situation», a-t-il déclaré, avant d'expliquer que ce problème touche près d'une centaine d'entre eux dont le statut est celui d'imam-professeur et d'imam-enseignant, relevant de la Fonction publique. Pour la première catégorie, il s'agit de la promotion recrutée au mois d'avril 2010, tandis que pour la deuxième catégorie, elle concerne la promotion d'imams recrutés depuis le mois de décembre de l'année 2009, ce qui fait plus d'une année sans salaire pour cette dernière et plus de dix mois pour la première. Cependant, la direction des affaires religieuses de la wilaya n'a pas jugé utile de s'inquiéter. Pourquoi ? Notre interlocuteur explique : «Les responsables savent que nous ne pouvons pas descendre dans la rue pour nous exprimer ou observer des journées de grève en laissant des milliers de gens livrés à eux-mêmes dans les mosquées.» Cette noble fonction en relation avec la religion qui est censée être apolitique l'exige. Et de se demander : «Pourquoi nos collègues des autres wilayas n'ont pas ce genre de problème ?», pour dénoncer la politique de «deux poids, deux mesures du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs dans le traitement accordé aux imams à travers le territoire national».