La Cour suprême a examiné jeudi l'affaire Abderrahmane Achour et Banque nationale d'Algérie (BNA) et décidé de la renvoyer au tribunal criminel, avec une nouvelle composition, apprenons-nous de source judiciaire. Tous les accusés, dont Abderrahmane Achour, seront rejugés par un nouveau jury puisqu'il s'agit d'une nouvelle composition du tribunal criminel, ajoute cette source. Il est à noter, selon la source, que la Cour suprême a examiné cette affaire avant-hier sur la base d'un pourvoi en cassation introduit par l'ensemble des accusés condamnés au terme du procès en première audience, dont Abderrahmane Achour. Le tribunal criminel près la cour d'Alger avait, rappelle-t-on, rendu son verdict, en juin 2009, au terme du procès en première audience dans l'affaire de détournement de 2100 milliards de centimes (3200 milliards de centimes, selon des sources). Les deux principaux accusés, dont Abderrahmane Achour, qui avaient auparavant fui au Maroc, ont écopé chacun d'une peine de 18 ans de prison ferme. Des peines allant de 5 à 10 ans avaient été prononcées à l'encontre d'autres accusés. Le président-directeur général de la BNA, accusé auparavant dans cette affaire, a été acquitté. Achour Abderrahmane avait été poursuivi par la justice pour «association de malfaiteurs, dilapidation de fonds publics, escroquerie et émission de chèques sans provision». Poursuivi pour quasiment les mêmes accusations, son acolyte, A. Rabah, avait été condamné à la même peine. S. Baghdad, le beau-frère de Achour, et sa secrétaire, M. Hassiba, avaient tous deux été condamnés à 18 ans d'emprisonnement ferme. Le tribunal avait prononcé par ailleurs une peine de 14 ans d'emprisonnement à l'encontre du directeur régional de la BNA et du directeur de l'agence de Cherchell, rappelle-t-on. La directrice de l'agence de Bouzaréah et le sous-directeur de l'agence de Cherchell ont, quant à eux, été tous deux condamnés à 10 ans de prison ferme pour «dilapidation et association de malfaiteurs», tandis que le chef de la section de Bouzaréah avait écopé de 7 ans de prison ferme, le cadre de l'agence de Koléa de 6 ans, les «complices» de Abderrahmane Achour de 5 ans, 2 ans pour les épouses de ce dernier et son associé et un an de prison avec sursis pour le directeur régional et l'inspecteur général de la banque pour «négligence avérée ayant causé la dilapidation des deniers de la banque», pour rappel. Le PDG de la BNA a été reconnu non coupable ainsi que quatre autres accusés. La Cour suprême émettra le renvoi de l'affaire vers le tribunal criminel, avec sa nouvelle composition, dans environ deux mois, avant sa programmation pour un procès en appel, explique notre source. Tout avait commencé par une lettre anonyme L'affaire a été découverte grâce à une lettre anonyme. C'est ce qu'avait révélé A. E., inspecteur régional de cette banque lors de l'enquête préliminaire. C'est en octobre 2004 que cette lettre, dont l'expéditeur est anonyme, arrivée à la direction générale de la BNA, dénonçait les «opérations bancaires illégales» sans passer par la comptabilité. Ces opérations consistaient, avait ajouté l'inspecteur régional, en la création par Abderrahmane Achour, principal accusé dans cette affaire, de «sociétés fictives» avec ouverture de comptes bancaires au niveau des agences BNA de Bouzaréah, Cherchell et Zéralda. Il avait annoncé aux enquêteurs que ce principal accusé a dilapidé des deniers publics avec la complicité de certains responsables de cette banque. L'inspection qui a commencé par l'agence BNA de Bouzaréah a permis de «découvrir des dysfonctionnements et des ambiguïtés dans le compte de la société nationale spécialisée dans les travaux publics et dirigée par Abderrahmane Riyad Achour ouvert à la Banque nationale d'Algérie», avait-il ajouté.