Le nom d'Abdelkader Alloula, illustre personnage du 4ème art arraché violemment à la vie il y a seize ans de cela, n'a jamais cessé de résonner dans la mémoire collective. Ayant consacré sa vie entièrement au théâtre et à l'écriture dramaturgique, il a légué un patrimoine inestimable. Afin de célébrer le nom d'Alloula et d'éviter à la poussière du temps de recouvrir le personnage et son œuvre, le Théâtre régional d'Oran (TRO), qui d'ailleurs porte le nom de cet homme, fera du 14 mars prochain une journée dédiée à Alloula. «Nous avons élaboré une programme modeste et symbolique afin de rappeler aux gens qu'il existait un homme qui a tout donné au théâtre. Nous avons opté pour la simplicité car nous voulons faire de cette journée une rencontre conviviale», dira le directeur du TRO, M Azri, que nous avons contacté au téléphone. La Fondation Abdelkader Alloula, présidée par la veuve de l'artiste, Mme Radja Alloula, est partie prenante dans l'organisation de l'hommage. La fondation s'est attelée à la collecte d'œuvres du défunt avant d'ouvrir un centre d'archives théâtrales pour une meilleure et plus large diffusion de ce patrimoine. Concernant le programme de cette journée commémorative, il est prévu, en plus d'une exposition de photographies de l'artiste et d'affiches de ses pièces théâtrales, la tenue d'une table ronde sur le thème de «l'approche de l'œuvre d'Alloula par les troupes de jeunes amateurs de théâtre». Elle sera animée par, entre autres, des enseignants et chercheurs de différentes universités du pays. Un documentaire consacré à Alloula sera également projeté aux visiteurs. La projection sera suivie d'une lecture de textes de la pièce Ettefah traduite en tamazight. Cette pièce sera aussi donnée en clôture de cette journée artistique par la coopérative «le Triangle ouvert». Rappelons qu'Ettefah est l'une des dernières œuvres de Alloula qui l'a écrite et mise en scène en 1992. Né le 8 juillet 1939 à Ghazaouet, Abdelkader Alloula a été victime d'un attentat à Oran, le jeudi 10 mars 1994, alors qu'il se rendait au théâtre pour un débat. Il est mort le 14 mars à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris. Son théâtre est inspiré de la culture populaire algérienne, ce qui lui a permis de toucher un large public. Son génie créatif et son talent ont fait de lui le précurseur qui a su adapter la halqa au théâtre algérien. Hélas, cet hommage ne fait que souligner une triste réalité, celle de l'oubli. Car un homme de la grandeur d'Alloula et une œuvre d'une telle richesse auraient dû, pour le moins, bénéficier d'une série d'événements et d'études. On pourrait même penser à faire entrer Alloula à l'école, comme les autres grands noms de la littérature, de la peinture, de la musique… algériens. W. S.