Les prix 2011 relatifs à l'expropriation se situent entre 2600 et 3600 DA le m2 de terre et 45 000 DA pour l'olivier. «Alors, comment peut-on accepter des indemnisations de 150 à 250 DA, ce qui est une arnaque ?», se demandent les expropriés. «Pour les prix, l'accord de principe est acquis. Pour son officialisation ça sera dans quelques jours», écrit l'association des expropriés du futur barrage Souk n'Tleta, dans un document rendu public hier, à l'issue de son assemblée générale tenue samedi. En effet, c'est au terme de deux réunions tenues les 2 et 9 mars que les responsables de la wilaya, à leur tête le wali Abdelkader Bouazghi, ont tourné leur regard sérieusement en direction de ce problème de familles à déraciner complètement, après un blocage qui a duré plus de trente ans. Ceci n'aurait pas pu avoir lieu, sans le combat mené par l'association des expropriés depuis sa création en 1996. Sa dernière action du 28 février dernier, lorsque les protestataires ont improvisé une marche à Tizi Ouzou, suivie d'un sit-in devant le siège de la wilaya, puis d'une occupation de cette dernière, était un coup de tonnerre. «Lors de leur prise de parole, les membres de l'association et les représentants des communes concernées n'y sont pas allés avec le dos de la cuillère, et ont développé un discours franc et convainquant», lit-on encore dans le document. Ainsi, en présence des représentants des parties administratives concernées par ce conflit, que sont les domaines, la DHW, la DRAG, la direction de l'agriculture, mais aussi le conseiller personnel du ministre des Ressources en eaux, le wali de Tizi Ouzou a ordonné au directeur des domaines de plafonner les prix et de constituer une commission de suivi. Cette dernière, présidée par l'inspecteur général de wilaya, en collaboration avec les responsables de l'association des expropriés, se doit par ailleurs de trouver «un terrain d'entente pour un début de négociations». La prise en charge du viaduc qui lierait les deux villages de Megdoul et Iaallalen, le problème des jeunes, la délocalisation des commerces, le relogement ainsi que l'actualisation des prix qui demeure «le point essentiel» ont été discutés à bâtons rompus. L'actualisation des prix, première exigence des expropriés Auparavant et haussant le ton, l'association a averti clairement dans une plate-forme de revendications remise aux autorités, ainsi qu'à la presse locale, qu'«aucune expropriation ne sera entamée avant que toutes les exigences ne soient traitées dans un cadre légal et transparent», et que «les expropriés s'opposeront au lancement du projet et même à l'installation de toute entreprise sur leurs terres». Sur ce point d'ailleurs, l'association ne manquera pas «d'applaudir et de prendre note de la décision du conseiller du ministre». Ce dernier ne voulait, en aucun cas, entendre parler du démarrage des travaux du projet en question avant de régler tous les problèmes. A la question de savoir comment la population des communes concernées par l'expropriation a accueilli la suite des événements, Mohamed Merabti, président de l'association des expropriés du futur barrage Souk n'Tleta, nous dira : «Les expropriés n'ont pas encore eu gain de cause, mais le bout du tunnel est en vue.» Ceci dit, il y a lieu de reconnaître un avancement et un changement de discours de la part des officiels, vis-à-vis de ce problème. Concernant le point de discorde entre l'administration et les expropriés, notre interlocuteur nous a expliqué que «l'association est en possession de tous les barèmes relatifs aux prix d'expropriation des terres, des oliviers ou arbres fruitiers, actualisés en 2011. Alors, comment peut-on accepter des indemnisations de 150 à 250 DA. C'est de l'arnaque». Désormais, on n'attend que la concrétisation des promesses faites lors des deux réunions qui ont eu lieu au siège de la wilaya. Les travaux de ce grand barrage hydraulique, qui devaient être entamés le 15 février, sont renvoyés à une date ultérieure.