Assemblée constituante, nécessité d'une alternative démocratique et pacifique, les leçons des révoltes arabes mais aussi de la décennie sanglante qu'a vécue le pays qui «a payé un lourd tribut», tels sont, entre autres, les messages et les constats d'Aït Ahmed au peuple algérien auxquels il incombe «dans la diversité de leurs convictions et de leur appartenance d'indiquer clairement la voie de la construction politique en alternative à la voie de la confusion et de la violence». «La crise algérienne s'inscrit naturellement dans le cadre des crises en cours», fait remarquer Aït Ahmed dans son message, mais «il n'est pas question de céder à une quelconque contagion démocratique dans l'explication et le traitement de chaque situation nationale.» Les Algériens, «qui se sont de longue date inscrits dans le combat pour la démocratie et le changement de régime, ont pour cela payé un prix très lourd», fait-il remarquer. Il est temps selon lui «de mettre à nu les pratiques de dépolitisation et de désarmement moral propagées par les tenants de la violence», lesquels «ont voulu profiter de quelques confusions médiatiques soigneusement entretenues pour semer encore une fois le trouble». D'où la nécessité pour Aït Ahmed, «à chaque fois que cela sera nécessaire», d'apporter les clarifications «indispensables à une véritable construction politique nationale, démocratique, populaire et pacifique». Estimant qu'il serait grave d'oublier le lourd tribut payé par les Algériens depuis des décennies, Aït Ahmed qui rappelle leur longue marche vers la liberté et la dignité dans leur acception politique moderne, estime que «le combat pour l'indépendance nationale et le combat pour la démocratie sont indissociables». «Cinquante ans après la proclamation de l'indépendance nationale, nous voici face aux mêmes absences : absence d'un Etat de droit, absence de vie politique, absence de Constitution digne de ce nom, absence d'institutions légitimes…», constate le leader du FFS qui réclame «le droit d'avoir des droits». La refondation institutionnelle pour un Etat de droit Dénonçant «des courants au sein de la société qui se sont construits exclusivement sur l'apologie de l'exclusion et de la violence», Aït Ahmed affirme que c'est aussi la construction d'un système politique qui rend sacrée la préservation du sang des Algériens». Ce qui ne sera possible pour lui «que dans le cadre d'un Etat de droit, construit précisément par des gens pour respecter et faire respecter les droits des gens». «C'est seulement au terme d'une remobilisation citoyenne et politique des Algériens que nous pourrons aborder l'ensemble du processus électoral devant aboutir à une refondation institutionnelle qui remette les droits des citoyens, leur sécurité et leur développement ainsi que ceux du pays au cœur d'une Constitution digne de ce nom», a-t-il dit pour réaffirmer son attachement à une Assemblée constituante. «Il serait léger de croire qu'il suffirait de dissoudre des institutions ou des partis pour que sortent de leurs décombres d'autres institutions et d'autres partis tous prêts pour un usage démocratique», a-t-il encore constaté, non sans affirmer qu'il faut «un Etat de droit, des institutions fortes de leur légitimité, une justice indépendante, des contre-pouvoirs efficaces, une vie politique démocratique réglée par un contrat national, social et politique qui garantisse les libertés individuelles et collectives», car seul «le primat du droit peut permettre une gestion pacifique de conflits d'intérêts contradictoires», a noté Aït Ahmed qui croit que ces contradictions «se gèrent par la construction d'un rapport de force politique basé sur la discussion, la négociation pacifique, l'arbitrage, et non réductible par la manipulation». «Nous sommes, aujourd'hui encore, loin d'avoir remporté la bataille de la construction démocratique de la Nation et de l'Etat algériens. Mais nous n'avons jamais été aussi proches d'en voir les prémisses, portés par des pans entiers de la société», a relevé le patron du FFS.