Le rejet par la Ligue arabe de la plainte adressée au secrétaire général Amr Moussa, par le Conseil national transitoire (CNT) libyen contre l'Algérie, l'accusant à tort d'avoir fourni du matériel de guerre et des armes et transporté des mercenaires pour soutenir le régime de Mouammar El Kadhafi, discrédite les allégations mensongères enregistrées quelques semaines durant. La plainte a été jugée «irrecevable» pour deux raisons essentielles. La première est le fait que le CNT, autoproclamé «seul représentant du peuple libyen», ne représente pas l'Etat libyen, dont la représentation à la Ligue arabe est suspendue. La deuxième raison est que le document de trois pages mentionnant les accusations ne contient aucune preuve concrète. L'Algérie, qui est restée fidèle au principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays, est victime d'attaques médiatiques et de calomnies grotesques cachant mal les motivations de cette campagne de dénigration. Son appel à une solution politique en Libye continue à gagner en réalisme depuis le début du conflit armé dans ce pays. Un universitaire russe a déclaré, il y a quelques jours sur une chaîne de télévision satellitaire, «si vous voulez régler le problème en Libye, il faut écouter l'Algérie». Les Nations unies ont, de leur côté, appelé à la cessation des hostilités et à la recherche d'une solution politique. Pas plus tard qu'hier, le pape Benoît XVI a appelé, à l'occasion de la célébration de la messe de Pâques devant des dizaines de milliers de fidèles massés place Saint-Pierre à Rome, à la fin des combats en Libye. «Qu'en Libye la diplomatie et le dialogue prennent la place des armes et que soit favorisé, dans la situation actuelle du conflit, l'accès des secours humanitaires à tous ceux qui souffrent des conséquences des affrontements», a-t-il déclaré. La situation actuelle prévalant en Libye ne peut en aucune manière profiter au peuple libyen, mais sert les intérêts de ceux qui entretiennent le conflit armé, comme elle fait les affaires du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), quand des quantités importantes d'armes de guerre et de munitions se trouvent à la portée de tout le monde, notamment à Benghazi, quartier général des insurgés libyens, où les services de renseignements de certains pays activent depuis le début des affrontements. L'intervention militaire étrangère, désavouée par l'Algérie, ne peut qu'offrir un alibi au GSPC qui pourrait reprendre du poil de la bête au nom de «la lutte contre l'occupation» que l'organisation de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossab Abdelouadoud, a tant souhaitée, et tenté de provoquer à coups d'enlèvements de ressortissants occidentaux dans la région du Sahel, avec la quête de financements assurés par le paiement de rançons. Le recours aux drones américains en Libye fait craindre le pire, selon des observateurs qui citent «les décès de civils pakistanais causés par ces avions sans pilote et dotés de missiles». L'Algérie, refusant tout recours à la violence, notamment entre parties d'un seul peuple, refusant de soutenir une des parties contre une autre, est favorable aux solutions politiques.