La grève entamée depuis plusieurs jours par les 271 travailleurs de la régie communale de l'APC de Tizi Ouzou perdure en dépit de l'annonce du wali, hier à la presse, de son règlement définitif. Ainsi le bras de fer engagé entre ces grévistes et le P/APC n'est pas prêt de connaître son épilogue. Bien au contraire, il se corse davantage et pour le moment rien n'indique une quelconque issue à cette situation de confusion et de quiproquo qui dure depuis plus de deux semaines. La sortie médiatique du P/APC, Naguim Kolli, faite avant-hier, n'est pas pour désamorcer la situation déjà explosive. Elle semble avoir jeté de l'huile sur le feu. C'est du moins ce que nous avons vérifié hier matin en nous rendant auprès des travailleurs grévistes qui continuent d'observer un piquet devant le portail nord du siège de la mairie qui reste fermé. Les représentants des travailleurs qui refusent que leur mouvement soit «récupéré» par une quelconque organisation syndicale, rejettent en bloc les déclarations du P/APC qui a qualifié cette grève des travailleurs de la régie d'illégale. «Notre grève est légale», rétorquent-ils. Pour preuve, ils disent que cette grève n'est que le résultat de nombreuses promesses non tenues. «La dernière fois qu'on nous avait promis une régularisation date de trois mois. On nous a demandé d'attendre 10 jours que la procédure soit finalisée. Mais rien. Ni les promesses du P/APC, encore moins celles du SG de la wilaya et d'autres responsables n'ont été honorées», ont-ils regretté. Questionnés à propos du référé déposé par le P/APC auprès du tribunal de la ville pour les amener à reprendre le travail, car selon les dires du P/APC les 271 travailleurs de la régie communale seront «régularisés dans leurs postes en application du plan de gestion approuvé par la Fonction publique, ces derniers n'y sont pas allés de main morte». «Nous sommes un collectif et nous sommes soutenus par les titulaires ainsi que les élus», disent les représentants des travailleurs avant de lancer cette menace qui en dit long sur leur détermination à faire aboutir leur revendication : «Si l'on venait à toucher à un cheveu d'un travailleur, nous nous suiciderons collectivement. Nous exigeons notre intégration et on est prêt à tout sacrifier pour ça. Nous vous informons que selon l'inspecteur de la Fonction publique, aucune décision n'a été signée jusqu'à maintenant.» Un élu jette l'éponge Ce conflit commence à avoir d'autres conséquences. Les élus, notamment ceux du FLN, du FFS et du RND se sont rangés du côté des travailleurs, nous ont-ils fait savoir, alors qu'un élu FLN (parti du P/APC, ndlr) en l'occurrence Salah Aït Amar, a annoncé sa démission avant-hier à l'issue de la réunion qui a regroupé en fin de soirée le P/APC, les élus et les représentants des travailleurs. «Cette réunion s'est terminée en queue de poisson tant il n'y avait aucune volonté de désamorcer cette crise», ont-ils souligné avec dépit. «D'abord, nous vous informons que nous allons déposer plainte conte le P/APC pour diffamation. Ensuite, il faut savoir qu'ils usent de manœuvre pour nous amener à abandonner notre action.» «Lors de cette réunion, le P/APC avait proposé de régler les arriérés de quatre mois de salaires en pompant de l'argent d'un chapitre vers un autre alors que dans le BP, les salaires ont été noté doublement, dans le fonctionnement et dans l'équipement. Nous refusons cette manière de faire», tranchent-ils. En tout cas, les travailleurs de la régie comptent organiser cette matinée un point de presse pour rendre compte de l'évolution de la situation. «Nous allons faire des révélations fracassantes», avertissent-ils. La question définitivement réglée Le premier magistrat de la wilaya, Abdelkader Bouazghi, a indiqué hier à la presse que l'administration de wilaya a pris ses responsabilités en procédant à la régularisation effective des travailleurs. «La décision de régularisation des 271 travailleurs de la régie est un fait réel depuis samedi dernier date de la signature du plan de gestion des ressources humaines de la commune», a-t-il insisté, tout en rappelant que des efforts colossaux ont été déployés par son administration pour arriver à cette conclusion dans un temps très court. Concernant les quatre mois d'arriérés de salaire de ces travailleurs, il a fait savoir que des décisions ont été prises pour que le mois en cours soit perçu et les mois de janvier, février et mars versés comme rappel incessamment. Du côté de l'administration, toutes les mesures ont été prises pour satisfaire les deux principales revendications de ces travailleurs grévistes, a précisé le wali, tout en soulignant que le P/APC de Tizi-Ouzou doit prendre toutes ses responsabilités quant à la gestion des affaires de sa commune conformément à ses prérogatives du premier magistrat de la commune élu. La situation déplorable de l'hygiène qui a prévalu dans la ville des Genêts à cause de cette grève a obligé l'administration de la wilaya à mobiliser 57 camions pour lever, en une seule nuit, près de 3000 tonnes d'ordures ménagères qui s'entassaient dans tous les coins de la ville, une mission qui est du ressort de la voirie communale, a relevé le wali pour souligner que son administration ne lésine sur aucun effort pour assurer le bien-être de la population et la protéger de tous désagréments que risqueraient de provoquer les tas d'ordures qui s'accumulent au fur et à mesure que la grève se poursuit.