Les partis politiques ont accueilli favorablement les décisions du Conseil des ministres de ce lundi où le président de la République a mis au point le calendrier organisant les réformes politiques qu'il a annoncées lors de son dernier discours, alors que le RCD se démarque de tous en pensant que c'est une manière «de faire diversion sur les tensions politiques et sociales qui constituent la réalité nationale». Le Rassemblement national démocratique (RND) a affirmé que la déclaration du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika lors du dernier Conseil des ministres a permis de «mettre fin à certaines interprétations et de répondre à des interrogations sur les réformes». Le RND a souligné, dans un communiqué, que les réformes politiques annoncées par le président Bouteflika le mois dernier seront «très larges et répondront aux attentes de la majeure partie de la classe politique». Le parti a salué «la décision d'organiser une consultation avec tous les partis et les personnalités nationales». Pour le RND, le calendrier établi par le président de la République pour la présentation de tous les projets de lois à l'Assemblée populaire nationale (APN) et le report de la présentation du projet d'amendement de la Constitution après les prochaines législatives constituent «un rythme caractérisé par le réalisme». Par ailleurs, le RND a confirmé «sa participation» à la prochaine consultation politique et sa contribution partant de ses référents et programmes politiques. Pour le parti du Front de libération nationale (FLN), «le conseil des ministres s'inscrit dans la production de ce qui a été décidé et annoncé par le président de la République lors de sa lettre du 19 mars, et du discours à la nation du 15 avril. Le conseil de ce lundi a apporté les précisions et les clarifications permettant de répondre à certaines interrogations en ce qui concerne en particulier les échéances et les cadres de concertation et enfin les modalités concernant l'élaboration et l'adoption de la constitution à venir», déclare le porte-parole du parti, Kassa Aissi. «Le FLN n'est pas surpris par ces décisions. On considère que le processus est en train d'être mis en œuvre au sein des institutions et par le biais des institutions», précise notre interlocuteur qui signalera par ailleurs que «la question sera débattue par le comité central du parti lors de sa prochaine session qui se tiendra les 2, 3 et 4 juin». «Le Conseil des ministres a consolidé le dernier discours» Le MSP considère, par la voix de son porte-parole, Mohamed Djemaâ, que «le conseil des ministres de ce lundi n'a pas apporté du nouveau. Il a seulement consolidé le dernier discours du président de la République, annonciateur de réformes». «Quant à l'aboutissement et au contenu de ces réformes, on visionnera par pièce concernant chaque dossier», ajoutera notre interlocuteur qui précisera : «Notre position est connue, nous soutenons ces réformes et nous attendrons le contenu de chaque projet de loi pour juger». Le mouvement El Islah considère pour sa part que les décisions du conclave de ce lundi ont été accueillies favorablement par le parti, «surtout par l'annonce du conseil des ministres que les constantes de la nation et les symboles de la république ne seront pas touchés dans la prochaine révision de la Constitution», comme le précise le communiqué parvenu à notre rédaction. En ce qui concerne le calendrier des réformes, El Islah trouve que «les échéances sont logiques à part le dossier du projet de révision de la constitution qui doit passer en premier devant l'assemblée nationale». Ceci sans que le parti El Islah «réitère certaines réserves quant à la soumission des projets de loi sur les réformes à l'actuelle assemblée nationale», peut-on lire dans le communiqué. Pour sa part, le RCD pense que «le conseil des ministre, tenu la veille de la journée mondiale de la liberté de la presse, a plus délivré un message politique qu'il n'a invité à une perspective mettant l'action politique au diapason des légitimes espérances du peuple algérien et des évolutions historiques de l'heure», avant d'ajouter que «le but de cette sortie est à la fois de masquer les divergences du sérail et de faire diversion sur les tensions politiques et sociales qui constituent la réalité nationale d'aujourd'hui”. La tactique qui vise à rejouer le détournement de la contestation populaire a été tragiquement testée en octobre 1988, avec le prix que l'on sait». «C'est ainsi que le RCD a anticipé toutes ces manipulations en décidant de suspendre ses activités au parlement. Le dernier communiqué du Conseil des ministres confirme l'incapacité du système à s'amender. La solution à la crise algérienne se fera en dehors et contre lui», lit-on dans le communiqué du parti de Saïd Sadi. Le Parti des travailleurs (PT) a relevé, de son côté, hier, la volonté de clarification et de précision du chef de l'Etat quant aux réformes politiques annoncées, notamment le calendrier et les moyens institutionnels de leur mise en œuvre. Dans un communiqué publié à l'issue d'une réunion extraordinaire du secrétariat de son bureau politique, le PT enregistre «positivement» le fait que la révision de la Constitution ne sera pas soumise au Parlement actuel et la recherche des moyens permettant la plus grande participation populaire. Dans ce contexte, le parti réaffirme qu'un tel objectif «doit impliquer l'ouverture d'un débat national associant le peuple, préalablement à la définition du contenu du projet pour que celui-ci reflète précisément les aspirations majoritaires». Par-delà les réserves du PT quant au risque de voir la commission chargée de mener les consultations sur la Constitution et les différents projets de loi se transformer en parlement parallèle ou en constituante désignée, le PT n'a aucun préjugé sur le choix de M. Abdelkader Bensalah pour diriger ladite commission», ajoute la même source. Le PT «prend acte» de la volonté du président de la République de mettre des garde-fous quant à l'élaboration des projets de Constitution et des lois relatives à la réforme politique, associant notamment les partis. Il considère, par ailleurs, que la levée de l'état d'urgence, la volonté affichée par le président de la République d'amorcer une ère de démocratie, «appellent la levée immédiate de l'interdiction des marches dans la capitale, comme gage aux Algériennes et aux Algériens».