L'année universitaire 2010/2011 s'est annoncée hasardeuse dès le début, soit en octobre dernier, eu égard aux mouvements de protestation qui ont commencé à se révéler au grand jour. Pour les étudiants, «leur avenir est compromis». Du côté des enseignants, ils estiment que «c'est une grave erreur de valider une année universitaire avec trois cours et deux travaux dirigés (TD) alors que la norme minimale est de 24 séances». Que faire ? Valider une année de quelques heures ou prolonger une année universitaire même au risque de laisser les futurs bacheliers attendre pendant des mois ? Des questions qui se posent avec acuité dans les milieux universitaires, et ce, à travers le territoire national. Pour l'instant, ni les étudiants, ni les enseignants ne peuvent répondrent à ces questions. Il faudrait attendre les décisions du ministre de l'Enseigenement supérieur, qui est accusé d'être «à l'origine de cette situation». «Notre ministre fait dans l'égoïsme. Il s'entête à rester en poste quitte à sacrifier 1 200 000 étudiants», a fait savoir un membre de la Coordination nationale autonome des étudiants (Cnae), contacté hier. Les étudiants ont organisé des rassemblements, à l'instar de ceux des grandes écoles qui se sont sentis lésés par la dévalorisation de leur diplôme, suivis par les autres facultés d'Alger avant que la contestation ne gagne tout le territoire national. Ils ont montré à travers une marche organisée à Alger le 12 avril dernier leur détermination à arracher leurs revendications. Une autre marche a été organisée le 2 mai dernier devant la faculté centrale d'Alger. Mais rien n'est fait pour le moment. «Nous sommes les victimes de la politique du ministre de l'Enseignement supérieur. Valider une année universitaire avec quelques cours, cela signifie que l'on veut bâcler les choses. Sincèrement, vous pensez que mon diplôme est valable avec trois cours ? Honnêtement, c'est la vie des gens que je mettrais en danger», a souligné Samir, étudiant en pharmacie. Son camarade, étudiant en journalisme, dira : «il est inconcevable de valider une année universitaire alors que nous n'avons eu que trois cours». Les examens pour le 15 mai ! De l'avis de tous, il faut prolonger l'année universitaire. Certains enseignants soutiennent qu'ils sont prêts à assurer les cours même durant le mois du Ramadhan. leur seul souci est de sauver leurs élèves d'une année blanche. «Une année, c'est important dans le cursus d'un étudiant, et il faut tout faire pour leur éviter de rater cette année», nous a indiqué un des enseignants. Les examens sont prévus pour ce 15 mai, on va nous interroger sur quoi ?» indiquent les étudiants offusqués. Fadhila renchérit sur le même registre : «Peut-on réellement évaluer un étudiant sur trois séances ?» Les étudiants ont repris les cours il y a de cela une semaine. Ils sont contraint d'entamer les examens ces jours-ci. Cette situation inquiète également les enseignants universitaires. Pour s'exprimer, ils n'ont pas mâché leurs mots. Ali Ch., enseignant en langue française à l'université de Tizi Ouzou, dira : «Je ne peux accepter de faire passer les examens à mes étudiants après trois cours. C'est antipédagogique». Et d'ajouter : «Le conseil scientifique s'est réuni la semaine dernière pour décider des suites à donner à cette année universitaire hypothéquée. Le ministère a pris la décision suivante : les examens auront lieu en bonne et due forme à la date prévue, c'est-à-dire à partir de la première semaine de mai. C'est une décision que les enseignants refusent d'assumer». Au niveau de la faculté centrale d'Alger, un enseignant en langues a renvoyé des étudiants venus composer. La raison ? «J'ai une section de 183 étudiants, et à l'examen, seule une vingtaine s'est présentée à l'amphi. Comment faire composer 20 étudiants alors que leurs camarades sont en grève ? Sincèrement, cette année est partie en fumée. Mais bon, il y aura toujours une décision politique qui interviendra pour faire semblant que tout marche dans le meilleur des mondes». «Ils ont fait grève,qu'ils assument» Du côté de l'administration, la question ne se pose pas. «Année blanche ou noire, c'est la faute aux étudiants. Ils ont fait des mois de grève, qu'ils assument», a indiqué un chef de département qui a requis l'anonymat : «Nous avons établi les dates des examens du second semestre ainsi que de la session de synthèse et de rattrapage. L'étudiant qui ne se présente pas ou l'enseignant qui refuse d'appliquer assume seul les conséquences. Il y a trop de manipulations». Selon un responsable, «la validité d'une année universitaire avec seulement trois cours est du ressort du conseil scientifique. Il est seul habilité à valider ou non une année universitaire. Il ne faut pas croire ces étudiants ou ces enseignants qui tirent sur l'administration. Cette situation arrange bien leurs intérêts». Des propos que les enseignant réfutent. «Nous n'avons aucun intérêt. Bien au contraire, nous avons perdu des heures de travail. Nous pensons à l'étudiant qui sera diplômé sans bagages réels». Du côté des étudiants, le langage est plutôt grave. «Nous sommes en train d'attendre les décisions de l'administration universitaire concernant la validation ou non de cette année hypothéquée par eux. Mais sachez que si les services de Harraoubia décident de valider l'année avec trois cours, nous allons entamer une autre grève illimitée quitte à faire de cette année une année blanche». Dans l'attente d'une décision définitive de la tutelle concernant la validation ou non de cette année, tous les acteurs de l'université, étudiants, enseignants et administration sont sur des charbons ardents.