El Pais rapporte dans le reportage de son envoyée spéciale dans la région de Benghazi qu´un groupe d´islamistes radicaux appartenant au Groupe islamique des combattants libyens (Gicl) a pris la tête de l´insurrection dans la ville de Darna, située non loin de la frontière avec l´Egypte. Cette ville a mauvaise réputation en Libye et dans le reste du monde arabe car c´est de là que des dizaines de jeunes sont partis faire le djihad en Afghanistan et en Irak contre les troupes occidentales. Selon ce journal espagnol à grand tirage, la CIA aurait mis la main sur des documents très importants attestant que cette paisible ville de la côte Est libyenne «s´était convertie en 2007 en principale zone d´envoi des djihadistes et d´auteurs d´attentats suicides en Irak et en Afghanistan les plus spectaculaires». L´un des prétendants à la succession de Oussama Ben Laden serait d´ailleurs «El Libi», d´un des bras droits du chef de Al Qaïda défunt, issue de cette région voisine de Tobrouk. Ces documents avaient été récupérés par les forces américaines durant des combats avec les talibans. Les services de renseignements américains qui participent à la formation des rebelles à Benghazi sont inquiets du fait que «les djihadistes qui ont combattu dans les rangs de Al Qaïda et pris les armes dès le début du conflit libyen contre le régime de Mouammar Kadhafi, aient pu occuper sans difficultés l´aéroport régional de Labrak aux mains de mercenaires africains». Ces insurgés, super entraînés et motivés, menacent aujourd´hui de faire la guerre aux Etats-Unis au cas où l´armée américaine foulait le sol libyen. Il est question, en effet, de plus en plus au sein du Conseil national de transition qui pilote la rébellion, d´un large courant occidental favorable à une intervention militaire terrestre en Libye. Des sources «sécuritaires» américaines ont de bonnes raisons d´être inquiets de l´émergence de Al Qaïda sur le front libyen. Le Pentagone se demande même s´il n´y a pas eu un coup de pouce déjà des espions français à la dernière opération d´acheminements d´un lot de missiles SA7 vers le nord du Mali, via le Tchad et le Niger, trois pays où ces services sont partout. Il n´est pas exclu que Paris qui rejette toute idée de paiement des 90 millions d´euros réclamés par les ravisseurs des quatre ressortissants français, ait fermé les yeux sur cette opération de trafic d´armes effectuée dans un territoire sous haute surveillance des services secrets français.