Le tourisme solidaire, concept méconnu pour de larges franges de la population, même chez les agents touristiques au niveau local qui se limitent à la billetterie, peut-il constituer une alternative au tourisme tout court, ce secteur qui n'a jamais connu son essor malgré les atouts et les potentialités existantes dans la wilaya de Tizi Ouzou ? Le tourisme solidaire est défini comme étant une approche touristique qui «regroupe les formes de tourisme alternatif qui mettent au centre du voyage l'homme et la rencontre et qui s'inscrivent dans une logique de développement des territoires. L'implication des populations locales dans les différentes phases du projet touristique, le respect de la personne, des cultures et de la nature et une répartition plus équitable des ressources générées sont les fondements de ces types de tourisme». Le tourisme solidaire a été donc au centre d'un séminaire organisé par l'Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou avant-hier et auquel ont pris part de nombreux séminaristes qui se sont penchés sur plusieurs problématiques telles que les voies et moyens susceptibles de développer le tourisme dans cette wilaya, les compétences humaines et sectorielles, les moyens humains à mobiliser, à qui confier la mission de développement touristique pour qu'il soit en adéquation parfaite avec l'ordre sociologique existant dans un espace géographique donné etc. Dans la vision mise en avant par les représentants de l'APW et ses partenaires, il est considéré que le constat de base fait à ce sujet montre que les potentialités touristiques de la région sont considérables, et ce, de par sa proximité des grands centres urbains comme Alger et Boumerdès, et que ces mêmes potentialités, qui pourraient contribuer à créer des emplois, à générer des revenus, peuvent donc redynamiser les économies locales, ces dernières n'étant pas valorisées. C'est ce qui a conduit l'APW à envisager de qualifier la wilaya de Tizi Ouzou comme wilaya pilote, en Algérie, en matière de développement d'un tourisme capable de créer des emplois locaux durables, de préserver et de valoriser l'environnement et les ressources naturelles, de valoriser le patrimoine naturel et culturel. Trois objectifs principaux ont été assignés à cette rencontre. Il s'agit de faire connaître, aux acteurs locaux du développement, l'approche du tourisme solidaire et responsable, de contribuer au renforcement des capacités de ces acteurs du développement territorial ainsi que d'amorcer un travail de réflexion sur les perspectives de développement touristique de la wilaya et sur les moyens d'y parvenir. La Kabylie peut-elle adopter ce type de formule ? Malgré ses potentialités, l'hospitalité de ses habitants et eu égard à ses spécificités culturelles, linguistiques et civilisationnelles, cette partie de l'Algérie qu'est la Kabylie, ne semble pas être prête à adopter ce type de tourisme. Déjà que le tourisme classique est réduit à son expression la plus simple, peut-on alors parler de tourisme solidaire qui implique plusieurs critères ? Quelle que soit donc la formule choisie, qu'elle soit une randonnée, un séjour dans un village ou encore un circuit -ce qui nécessite d'ailleurs l'existence de tours-opérateurs et ce n'est guère le cas-, elle implique généralement un séjour loin des grandes zones et infrastructures touristiques, des conditions privilégiées de rencontre et d'échanges avec les habitants et les acteurs de la société civile, une utilisation maximale des ressources locales (nourriture, transports, guides etc.) et un respect de l'environnement. Ce type de tourisme, bien qu'il contribue au développement de l'économie locale, ne convient pas à la Kabylie, du moins dans les conditions dans lesquelles elle se débat actuellement. C'est d'ailleurs, à cause de tous ces paramètres que la communication faite par Jean-Marie Collombon, en sa qualité de coordinateur général du Forum international du tourisme solidaire et développement durable (FITS) qui a discouru sur le thème «Tourisme solidaire et développement local durable : enjeux pour l'Algérie et la Kabylie», n'a pas été convaincant pour les participants. Le conférencier a préconisé d'imiter les familles du Rif marocain. Pour appuyer ses dires ou plutôt sa proposition, il dira que dans cette région du Rif «le safran est très recherché par les ménages occidentaux et par conséquent peut constituer une ressource financière assez subséquente». Si ce séminaire a quelque peu levé le voile sur le concept du tourisme solidaire, il reste que tout le monde s'accorde à dire qu'il faut axer les efforts sur un véritable essor du tourisme classique qui reste au point mort dans cette wilaya qui a pourtant une façade maritime de 85 km et des sites de montagnes majestueux comme le Djurdjura.