Suite aux demandes de libération provisoire formulées par les avocats des 9 lycéens détenus devant passer le baccalauréat le 11 juin, le procureur de la République, Farek Mohamed a, lors de son réquisitoire, donné son consentement. Le verdict du président d'audience, Helali Tayeb, a été favorable à la libération de 6 étudiants arguant que «les 3 autres n'avaient pas de convocation», et a prononcé le renvoi des deux procès aux 19 et 26 juin. Le premier procès dans lequel 34 personnes sont impliquées a été reporté au 19 juin tandis que le deuxième procès dans lequel sont impliquées 7 personnes a été reporté au 26 juin. Une atmosphère électrique a baigné au sein de la salle d'audience de la cour d'Alger où plus d'une quarantaine d'avocats étaient présents pour plaider la cause de leurs clients respectifs. La salle d'audience était envahie par les familles des personnes arrêtées et poursuivies pour trouble à l'ordre public, destruction de bien d'autrui, coups et blessures volontaires et port d'arme prohibée. L'absence des témoins qui, selon des avocats «n'ont pas reconnu formellement les présumés lors de leurs auditions par le juge d'instruction» ainsi que l'absence des victimes a été remarquée par l'ensemble des observateurs présents lors du procès qui s'est tenu sous un impressionnant dispositif de sécurité déployé à l'intérieur et tout autour de l'enceinte de la cour d'Alger. La crainte de nouvelles émeutes semblables à celles ayant suivi le procès qui s'est déroulé au tribunal d'Hussein-Dey en est la principale raison. Pour revenir au procès que bon nombre d'avocats qualifient de «parodie de justice au vu de l'absence de preuves ou autres indices pouvant avérer la culpabilité des personnes et au su du vice de forme relatif à leurs inculpations sur la base du flagrant délit», certains estiment que «l'enrôlement de cette affaire en appel ne répond pas aux délais prescrits par la loi et le code pénal», précisant que «le procès en appel n'aurait jamais été enrôlé 10 jours après l'introduction de l'appel». A ce sujet, certaines sources proches des magistrats ont indiqué que «le procès a été programmé en vue de la mise en liberté provisoire des 9 lycéens devant passer les épreuves du baccalauréat». C'est ainsi que cette circonstance atténuante a été retenue par le procureur de la république qui, dans son réquisitoire, «ne s'est pas opposé à la libération des 6 étudiants tout en exigeant le maintien en détention des 28 autres inculpés», ajoutant que «durant la prochaine audience, les victimes et témoins doivent être présents». Pour Me Benbraham, «ce procès relève du crime de foule et dans ce cas précis, la justice ne peut identifier les auteurs car ils n'ont aucune caractéristique à l'image des hooligans en Grande- Bretagne», ajoutant que «pour moi, c'est un procès tout-venant car les magistrats ont tendance à verser dans le juridisme plutôt que de faire preuve d'équité conformément aux textes de loi». Par ailleurs, des avocats ont déclaré : «comment peut-on parler de flagrants délits alors que les personnes ont été appréhendées bien plus tard et que les caméras de surveillance grâce auxquelles les policiers pouvaient identifier les auteurs ne fonctionnaient pas». La salle d'audience a baigné dans une atmosphère de tristesse et d'affliction lorsque le magistrat a prononcé le verdict à l'encontre des personnes détenues et parmi elles des pères de famille.