Pratiques illégales, absence des règles d'incinération des déchets médicaux, non-respect des normes, coûts excessifs, erreurs médicales, transfert des malades des hôpitaux publics vers des établissements privés sous la pression des chirurgiens pratiquant pour le compte de ces cliniques et beaucoup d'autres infractions relevées à chaque inspection du ministère de la santé. «Les contrôles relatifs aux activités des cliniques privées seront intensifiés», telle est la décision de la tutelle suite aux nombreux rapports effectués par les précédentes campagnes, notamment celle lancée au mois de novembre dernier et qui s'est soldée par la fermeture de pas moins de 150 cliniques à travers tout le territoire et des avertissements à l'encontre d'une soixantaine d'autres. Les walis auraient été sensibilisés à cette question de vérification des prestations au niveau de ces établissements. L'enquête ouverte par le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière a ressorti plusieurs infractions du cahier des charges définissant les activités de ces établissements. Les infractions les plus courantes sont liées au non-respect des règles d'incinération des déchets médicaux, ce qui constitue une menace pour la santé publique. «La libération du secteur ne doit pas se faire au détriment du malade», c'est ce qu'affirment tous les protagonistes de la santé, mais l'arrivée des cliniques privées, même si elle a contribué énormément à résoudre plusieurs problèmes de prise en charge médicales des malades, a été source d'autres maux, d'où la normalisation qui s'impose car une clinique ou un cabinet privé doivent répondre à un certain nombre de critères, non seulement en matière de structures, mais surtout en matière de personnels. Les patients commencent à se plaindre des prestations de certaines cliniques. Ils y subissent des interventions chirurgicales et se retrouvent avec des complications. De nombreux employés des structures hospitalières publiques critiquent sévèrement les cliniques privées pour leur «laisser-aller», leur «insouciance», leur «incompétence» et… leur «fuite des responsabilités», selon les personnels médical et paramédical, appelés à «réparer les dégâts». Dans la réalité, une clinique privée est toujours greffée sur un établissement public, pour des raisons pas toujours avouables : des médecins hospitaliers publics à plein temps vont bosser en douce à la clinique d'à côté. Ce qui est étonnant aussi, ces mêmes médecins trouvent la parade de conseiller aux familles de faire transférer leurs malades dans les hôpitaux privés après un diagnostic faussement établi et avec carte de visite à la main. Aucun contrôle sur la tarification «Les tarifications d'hospitalisation dans les établissements privés sont les plus exorbitantes et ne peuvent être réglées que par une catégorie de couche sociale aisée», témoigne un malade rencontré au service des urgences du CHU de Constantine. Ce même malade avoue également que «les plus aisés se soignent gratuitement dans le secteur public par connivence et les plus démunis ne trouvent que le privé pour se soigner». Le décret exécutif n° 07-321 du 22 octobre 2007 portant organisation et fonctionnement des établissements hospitaliers privés ne fait aucune allusion à la tarification des cliniques privées laissées libres. On attend toujours la «rationalisation et la maîtrise des tarifs des prestations effectuées dans les établissements de santé privés» annoncée depuis 2008 concernant les tarifs des prestations effectuées dans les établissements de santé privés qui peuvent faire l'objet de plafonnements selon des modalités fixées par voie réglementaire. Autrement dit, le gouvernement fixera par voie réglementaire les plafonds des tarifs pratiqués par les établissements de santé privés dont essentiellement les cliniques privées. Des erreurs parfois mortelles L'ampleur exacte du phénomène des erreurs médicales est très mal connue en l'absence de statistiques fiables ainsi que de textes judiciaires. Cependant, les exemples sont légion : à rappeler l'affaire du bébé mort dans une clinique d'ophtalmologie à Constantine et dont les parents mènent depuis 2008 une bataille juridique sans merci. D'autres personnes sont victimes de négligence et la première spécialité pointée du doigt est la gényco. 90% des accouchements opérés au niveau des cliniques se font par césarienne à cause notamment de la différence de tarif. 18 000Da pour un accouchement normal et 50 000 Da pour une césarienne. Le nombre de plaintes qui aboutissent au niveau de la justice ne reflète pas toute la réalité, mais il est en constante augmentation ces dernières années. Depuis le début de l'année 2011, pas moins de 200 plaintes ont été déposées.