Les anesthésistes, en grève illimitée depuis le 7 juin, maintiennent la pression et annoncent plusieurs actions de protestation jusqu'à satisfaction totale de leurs revendications, particulièrement celles relatives à la couverture juridique et la promulgation de leur statut particulier. Leur ministère de tutelle ayant refusé de les recevoir, les auxiliaires médicaux en anesthésie et réanimation (Camar) ont décidé d'interpeller le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) et le Premier ministre, afin de faire valoir leurs droits socioprofessionnels. Contacté par nos soins hier, le porte-parole du collectif, Sekkil Abdellah, a fait savoir qu'une délégation composée de 14 membres a été reçue par le vice-président de l'APN, lequel leur a demandé de constituer un dossier conséquent qui sera étudié par l'APN. Le Camar a déposé également une demande d'audience au niveau du gouvernement. Selon M. Sekkil, le débrayage sera maintenu jusqu'à la prise en charge effective des doléances de la corporation, obligée de travailler dans des conditions illégales et de subir les conséquences de l'absence de médecins anesthésistes. M. Sekkil a regretté, par la même occasion, que le ministère ait fermé sa porte aux grévistes qui sont dans leur droit «légitime». «Notre délégation a refusé de négocier avec le directeur des ressources humaines, lequel a demandé de recevoir uniquement quatre membres de nos délégués», a expliqué M. Sekkil, qui a ajouté «nous exigeons de négocier directement avec le ministre de tutelle ou le SG, seuls aptes à prendre des décisions». Il a dénoncé également les sanctions appliquées à l'encontre de certains contestataires dans plusieurs établissements sanitaires. Au CHU de Constantine, deux anesthésistes ont été mis en arrêt de travail, en attendant les mesures administratives. A Skikda, le directeur de l'hôpital a menacé de licencier les anesthésistes dans le cas où ils décideraient de répondre à l'appel du Camar. La politique d'intimidation, a-t-il souligné, est appliquée à l'échelle nationale, «visant à casser le mouvement et enterrer de manière définitive la contestation». Selon le même porte-parole, le taux de suivi de la grève, à l'échelle nationale, a atteint les 80%. Et de préciser : «Tous les statuts particuliers ont été finalisés et promulgués, sauf le nôtre.» Selon des sources proches du ministère de la Santé, la tutelle a déjà entamé la prise en charge des doléances de la corporation. Plus explicite, elles précisent que le changement de statut des anesthésistes est conditionné par une nouvelle formation de deux ans, pour leur permettre le passage à l'échelon 15 de la fonction publique. Une commission mixte (ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur) doit être mise en place prochainement pour arrêter les modalités nécessaires.