Plus d'une centaine d'anesthésistes ont observé hier un sit-in devant le ministère de la santé, exigeant le traitement rapide du dossier relatif à leur statut particulier et une couverture juridique. Des représentants de plus de 38 wilayas ont participé à cette action, qui est le prélude à plusieurs autres actions similaires à l'échelle nationale. Le personnel médical spécialisé dans l'anesthésie et la réanimation est plus que jamais décidé à «sortir de l'illégalité» dans laquelle il exerce, pour des «mesures d'urgences» soulevées par la tutelle. Rencontré hier sur les lieux, Nadjib, anesthésiste au service de gynécologie du CHU de Constantine, a expliqué que les anesthésistes sont appelés à assurer le travail du médecin anesthésiste réanimateur, mais si une erreur surgit, l'anesthésiste est jugé en tant qu'infirmier, endossant ainsi le manque de personnel médical qualifié. Dans ce cadre, il a précisé que plusieurs de ses confrères ont dû faire face à ce genre de problème une ou deux fois dans leur carrière. A titre d'exemple, trois cas ont été enregistrés récemment, dont deux à Souk-Ahras et un autre à Tébessa. Souvent ces fautes sont la conséquence directe de la tricherie des malades, explique les grévistes. Dans le détail, Nadjib a rappelé que suivant la loi de la fonction publique «les auxiliaires médicaux n'ont pas le droit de faire des actes médicaux.» Et d'ajouter qu' «actuellement, les anesthésistes sont en train de remplir la mission des médecins anesthésistes, branche qui enregistre un manque flagrant à l'échelle nationale.» Selon les contestataires, ils peuvent toujours respecter la loi à la lettre en refusant d'intervenir, mais cela va pénaliser les malades en premier lieu. Les revendications socioprofessionnelles de la corporation ont été, pour rappel, soumises à la tutelle, à plusieurs reprises, mais le ministère joue la sourde oreille, selon les protestataires. Une délégation constituée de 13 délégués devait prendre part à des négociations avec la tutelle, par rapport à la plateforme de revendications. Devant la radicalisation du mouvement de protestation, le ministère de la santé a réagi en invitant les professeurs d'anesthésie et de réanimation à jouer le rôle de conseillers dans cette affaire, de l'avis de M. Skander, anesthésiste à Médéa. Selon des informations officieuses, la tutelle aurait également fait quelques propositions en direction de la corporation. Il s'agit, entre autres, d'une formation discontinue, mais dont la forme reste inconnue et une protection juridique, mais de manière exceptionnelle, jusqu'à ce que la couverture médicale soit assurée. La grève illimitée déclenchée le 7 juin dernier a fait suite à plusieurs débrayages cycliques de la corporation. Aux dernières nouvelles, plus de 2500 interventions chirurgicales sont annulées quotidiennement.