La journée de protestation à laquelle environ 5000 sur les 14 000 avocats exerçant sur le territoire national ont adhéré, n'a pas manqué de pénaliser les justiciables. En effet, la 1re chambre de la cour d'Alger a prononcé le renvoi des affaires au 29 juin. Un point de presse a été animé par le bâtonnier Me Selini, au sein même de la cour d'Alger. L'animateur du point de presse a tenu à souligner le caractère scélérat que revêt le nouveau statut des avocats à l'origine de la décision de recourir à la journée de protestation, prise à l'issue de l'assemblée générale du barreau d'Alger. Il a précisé que «la plupart des revendications vont dans le sens de la préservation des droits à la défense reconnus aux justiciables». Dans un communiqué rendu public, le collectif des avocats a mis l'accent sur l'opposition au statut de la profession d'avocat qui revêt un caractère «liberticide en total contradiction avec la politique de réforme allant dans le sens de la restauration d'un Etat de droit» et que «ce projet qui intervient au moment où le monde arabe connaît un printemps prometteur pour sa démocratisation et son entrée dans la modernité et le progrès social, une bureaucratie irresponsable entend nous engager dans une régression aux effets ravageurs» ajoutant, dans un autre passage, que «ce projet scélérat constitue un désaveu incompréhensible pour la politique de grandes réformes initiée par le président de la République et dans laquelle le mouvement des avocats s'inscrit». Me Selini a souligné que «le statut constitue une contrainte et un affaiblissement des avocats mais également une tentative de mise sous tutelle des défenseurs, censés êtres libres». Il ne manquera pas de critiquer sévèrement le ministre de la Justice, garde des Sceaux, en indiquant que «le ministre est cité 42 fois soit dans 42 articles sur les 130 que compte le statut». Evoquant le ministre de la Justice auquel il fait endosser la responsabilité des conséquences pouvant découler des actions devant êtres prises lors de la prochaine assemblée générale, il relève que «le premier responsable de la tutelle entend inféoder les avocats», relevant un paradoxe dans la démarche du ministre qui, selon Selini, «prône la promotion des droits de la défense». Me Selini a indiqué que «le ministre, à travers ce statut, se place en totale contradiction avec les règles universelles et va à l'encontre des réformes judiciaires et de l'instauration d'un Etat de droit». Sur un ton grave, Me Selini a affirmé que «le projet ne travaille pas pour l'Etat de droit, encore moins pour l'intérêt des justiciables». Tout en affirmant ne pas avoir été associé à l'élaboration du texte de loi, Me Selini a indiqué que «le projet en question ne nous a été communiqué que 24 heures avant d'être transmis au Parlement». Le bâtonnier a affirmé «qu'une lettre sera adressée au président de la République afin qu'il intervienne et procède au retrait de ce projet avant qu'il soit soumis à l'approbation des parlementaires», affirmant que «d'autres actions seront décidées par le conseil de l'ordre en fonction de la réponse du premier magistrat».