Entre applaudissement et attente des peines. C'est du moins les deux sentiments exprimés hier par la population de la commune de Souamaâ, dans la daïra d'Azazga, à environ 45 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou, après la mise en détention provisoire de plus d'une dizaine de militaires, dimanche par le tribunal militaire de Blida. A Azazga-ville, comme à Souamaâ, cette décision est saluée malgré qu'aucune peine n'ait encore été prononcée à l'encontre des mis en cause. Dans sa commune, Dial Mustapha est toujours dans les mémoires. Hier, à l'occasion de la célébration du 49e anniversaire de la fête de l'indépendance, la population de Souamaâ qui s'est recueillie sur 4 monuments de martyrs de la Révolution algérienne, est passée par la tombe de Mustapha pour y déposer une gerbe de fleurs. «C'est une manière de dire que Mustapha est toujours parmi nous», nous a déclaré Mohand Boukhetouche, le P APC de Souamaâ. Pour ce responsable, «la décision de justice a contribué à l'apaisement des esprits dans toute la région d'Azazga. Pour ce qui nous concerne, nous suivons de près l'évolution des événements et nous espérons que justice soit rendue et nous restons mobilisés autour de la famille de la victime pour que la réparation promise par les autorités, à leur tête le wali de Tizi Ouzou, soit tenue.» Concernant les mis en cause, le frère benjamin de la victime, Amokrane Dial, que nous avons eu au téléphone, dira qu'«il s'agit de douze soldats mis en détention provisoire et pas moins de 16 personnes citées comme témoins dans cette affaire, comme il nous a été déclaré au tribunal de Blida». Notre interlocuteur ajoute que des voisins, ainsi que des membres du personnel médical de l'hôpital de la ville d'Azazga, ont été convoqués dimanche. «Même la deuxième victime blessée lors de l'attentat a été acheminée dans une ambulance jusqu'au tribunal militaire de Blida», poursuit-il. Plusieurs citoyens de cette région que nous avons interrogés ont exprimé leur satisfaction quant à cette première décision de la justice. «Il est vrai que ceux qui ont tué Mustapha sont des soldats, mais ils sont responsables», nous dira un quinquagénaire, propriétaire d'une libraire à Azazga. Pour lui, «la justice a franchi un grand pas dans le traitement de ce genre d'affaire, qui relevaient autrefois de l'intouchable». Selon toujours le P/APC de Souamaâ, aucune action n'est envisagée par la coordination du comité de villages. Les citoyens au même titre que la coordination font preuve de vigilance contre toute manipulation politique, et préfèrent attendre la fin de l'enquête et le verdict final.