Les organisateurs de la seconde Flottille de la Liberté ont été empêchés de lever l´ancre vers Ghaza pour rompre le blocus israélien. Certains activistes pro-palestiniens ont été bloqués dans les ports d´attache, comme en Grèce. D´autres ont été bastonnés par la police française à l´aéroport de Roissy d´où ils n´ont pu embarquer pour Tel Aviv avec, pourtant, billets payés et ok en main. Les compagnies aériennes occidentales autant que les gouvernements européens et américains ont prêté main-forte aux autorités israéliennes qui attendaient les plus téméraires des activistes qui ont pu gagner l´aéroport Ben Gourion de Tel Aviv. Les «conseils-avertissements» de Netanyahu Dans tous les cas, le but que se fixaient les organisateurs de la seconde Flottille de la Liberté aura été atteint. Cette conjoncture de manifestations suivie de répression dans les pays arabes, de guerre à outrance en Libye, a servi le gouvernement israélien qui espérait maintenir le black-out sur deux ans et demi de blocus de la bande de Ghaza sauvagement bombardée, et la plupart de ses quartiers rasés par l´armée israélienne en décembre 2009. Les gouvernements européens ont appliqué à la lettre et même avec un certain zèle les «conseils» du Premier ministre israélien qui s´est rendu à Washington, Paris et Londres pour – c´est le mot – avertir les dirigeants de ces pays amis d´Israël des «dangers» que pouvait comporter une telle mission sur la vie de leurs ressortissants. Benjamin Netanyahu a fait la même «recommandation» au président du gouvernement espagnol José Luis Zapatero, en lui rappelant, ainsi qu´à tous ses pairs européens, le sort réservé à la première Flottille de la Liberté en juin 2010, lorsque ce convoi humanitaire avait été pris d´assaut par des unités d´élite de l´armée israélienne en haute mer. Une mission à haut risque L´avertissement a été entendu 5 sur 5 à Paris, Londres, Athènes et Madrid dont les gouvernements ont, dans un premier temps, déconseillé à leurs ressortissants de se joindre à cette mission humanitaire à «haut risque». Avec une certaine dose d´hypocrisie, la chef de la diplomatie espagnole, Trinidad Jimenez, a répondu aux représentants des 80 Espagnols partant pour Ghaza, venus lui demander la protection de son gouvernement suite aux menaces de Netanyahu qu´ils pouvaient acheminer leur aide humanitaire à travers les canaux autorisés par Israël. Du côté des gouvernements européens, on a donc fait semblant de comprendre que l´objectif des activistes était seulement d´acheminer des vivres. Certes, on continue de manquer de tout à Ghaza. Mais depuis que Moubarak n´est plus là pour garantir l´embargo israélien, les dirigeants intérimaires égyptiens ont rouvert la frontière terrestre de Rafah sous la pression du peuple égyptien. Les pays occidentaux n´ont pas prévu que les révoltes dans le monde arabe allaient aussi se retourner contre l´occupant israélien. Il est même évident que la première des indignations ressenties par les peuples arabes en révolte s´explique par la complicité de leurs régimes avec Israël. Objectif atteint des pro-palestiniens L´objectif des pro-palestiniens n´était donc pas exclusivement d´acheminer des vivres à Ghaza mais surtout d´attirer l´attention de la communauté internationale sur les méthodes utilisées par Israël pour prolonger le drame des Palestiniens, depuis le partage injuste et scandaleux de la Palestine en 1947 avec, à ce jour, les complicités évidentes actives ou passives des gouvernements occidentaux. La mission de la seconde Flottille de la Liberté a été lancée, pas par un hasard du calendrier, à seulement quelques mois de l´examen du projet de reconnaissance internationale du futur Etat palestinien que les pays arabes doivent déposer aux Nations unies. Le lobby sioniste aux Etats-Unis a saisi l´enjeu d´une telle initiative. Le puissant pouvoir parlementaire qui constitue le Congrès américain aux mains de ce lobby a voté à une large majorité de ses membres une résolution demandant à Barack Obama d´utiliser le veto si une l´initiative arabe est soumise au Conseil de sécurité. Cette menace apporte la preuve évidente que, sous Bush ou sous Obama, les Etats-Unis roulent pour Israël. Feu vert du Congrès américain à Israël L´Etat hébreu qui voit dans la position du Congrès américain le feu vert à la poursuite de sa politique de blocus de Ghaza et de colonisation en Cisjordanie ne s´est pas fait prier hier pour poser la première pierre d´une nouvelle colonie à l´est de Al Qods. Un acte destiné à paralyser durablement le processus de dialogue sur la création du futur Etat palestinien. Depuis, les capitales occidentales s'acharnent contre le régime de Bachar el Assad pendant que les bombardements en Libye se poursuivent, toujours au nom des droits fondamentaux des peuples arabes à la dignité et à la liberté.