Cela fait plus d'un mois que le bras de fer entre la direction des transports de la wilaya de Tizi Ouzou et les opérateurs privés exerçant auparavant au niveau de la gare routière de la ville dure, mais personne ne peut définir vraiment les représentants des transporteurs en débrayage. En effet, de nombreux communiqués sont envoyés aux rédactions provenant de diverses structures : l'Unat, l'Onta, l'Atvk et le collectif. Au tout début du conflit avec l'administration locale, le 24 juin de l'année en cours, c'était l'Association des transporteurs de voyageurs kabyle (Atvk), qui s'est proclamé représentant officiel des transporteurs, mais a vite disparu de la scène. D'ailleurs, aucun communiqué n'a été rendu public – si ce n'est un avis dans lequel elle s'est dit pour la délocalisation – par cette dernière, alors qu'elle a été constituée démocratiquement, et son bureau élu en toute transparence. Son agrément lui donnait le droit de s'exprimer au nom des transporteurs. Après quoi, aucun signe de l'Atvk. Le collectif des transporteurs de Tizi Ouzou entre en scène, et se dit seul porte-parole des transporteurs. Ses représentants refusent de divulguer leurs noms à la presse, sous prétexte que le mouvement est horizontal. Sans aucune structure, mais fort de sa mobilisation, le collectif a pu maintenir le débrayage jusqu'à présent. En plus des deux représentants cités localement, des transporteurs découvrent qu'ils ont des représentants au niveau national. «Je ne savais même pas que ces deux associations existaient et qu'elles défendaient nos droits», nous a simplement répondu, hier, un transporteur de bus de Tizi Ouzou, questionné sur le rôle joué par l'Union nationale des transporteurs (Unat) et l'Organisation nationale des transporteurs algériens (Onta). D'ailleurs, lors d'une réunion qui s'est tenue au siège de la wilaya, alors que des membres du bureau de l'Onta étaient présents, des transporteurs de Tizi Ouzou étaient empêchés d'accéder à la réunion. Finalement, après une attente de plus de deux heures, ils ont pu accéder à l'hémicycle Aissat-Rabah. Guerre de leadership ou d'intérêts ? La même association (Onta, ndlr) a rendu public un communiqué dans lequel elle accuse «la direction des transports d'avoir enfreint les lois de la République, en décidant de délocaliser les transporteurs dans la gare Kef Naadja». Mais, de l'autre côté, l'Onta se réunit afin de trouver une issue à un conflit dont elle a déjà accablé la direction de wilaya du secteur ! Enfin, la même organisation, faut-il le souligner, a été critiquée par le collectif des transporteurs de Tizi Ouzou. Ce dernier a reproché à l'Onta son initiative appelant à l'installation d'une commission ministérielle qui va statuer sur la situation de la gare Kef Naadja. L'initiative est considérée comme une «tentative de casser le mouvement de débrayage». Par ailleurs, l'Unat a annulé sa participation aux deux actions de débrayage des wilayas du centre du pays les 19 juillet et 26 juillet. Réagissant à cela, un membre du collectif de Tizi Ouzou nous a déclaré que «la décision a été prise sans notre consultation». Des transporteurs soucieux de leur avenir n'ont d'ailleurs pas caché leurs «craintes et doutes» quant à l'aboutissement des négociations. «Je ne vous cache pas que j'ai vraiment peur que des gens soient en train de marchander à nos dépens», nous a déclaré un chauffeur de bus.