Les familles des 17 marins algériens otages des pirates somaliens sont en détresse. C'est le Ramadhan et, le soir venu, elles n'arrivent pas à rompre le jeûne en l'absence des leurs. Des larmes de douleur ruissellent sur les joues roses des petits enfants et sur les visages crispés de leurs mères qui se sont rassemblés encore hier sur la place publique, à Alger, au niveau de la Grande-Poste. Leur objectif, porter leur détresse dans la rue en l'absence d'une oreille attentive des autorités, qui ont pourtant essayé de les rassurer par la voix du ministère des Affaires étrangères. Aucune nouvelle depuis le début du mois de juillet et le sort des marins algériens, à défaut de dénouement imminent, est une mort certaine, disent les membres de leurs familles, sur lesquelles ils comptent pour alerter les autorités et l'Etat algérien qui doivent prendre des décisions urgentes. «Nous n'avons plus reçu de nouvelles depuis le 9 juillet», affirme Mme Benkaci, sœur du plus jeune otage de l'équipage algérien, qui soutient que tous les marins «ont le moral à plat». «Ils sont dans un état critique. Ils nous demandent de tout faire pour que l'Etat algérien intervienne. Ils lancent un appel au président de la République qui peut dénouer la situation», explique notre interlocutrice, les larmes aux yeux. «Le Jordanien nous a laissés», affirme-t-elle encore. Et, ici, M. Mansouri de l'IBC est en congé.» Elle explique que «les nombreuses tentatives de joindre les deux personnes auxquelles nous renvoient à chaque fois les autorités algériennes sont vaines. Ils nous raccrochent au nez», déplore-t-elle. Avant d'ajouter : «Tout ça, je le cache à ma mère.» Mme Aït Ramdane, qui n'a plus de nouvelles de son mari depuis le 8 juillet, assure que son fils ne pouvait plus rompre le jeune en l'absence de son père dont il voit l'image à chaque fois qu'il se met à table. «Mon mari n'est pas un harraga. Nous ne sommes pas ici pour demander le couffin de Ramadhan. Qu'ils nous ramènent nos parents sains et saufs», crie-t-elle. Elle explique qu'il s'agit d'un SOS que les familles lancent à l'Etat algérien. Nous ne pouvons plus attendre, crie de l'autre côté Mme Kahli, qui demande aux représentants de la presse d'aider les familles. «Aidez-nous, appelez la présidence de la République, s'il vous plaît», implore-t-elle, avant de presque s'écrouler sous nos yeux, son regard braqué sur les petits enfants qui, eux aussi pleuraient. Des passants médusés s'interrogent et tiennent pour beaucoup à marquer une halte en signe de soutien. Les policiers, présents sur les lieux, avaient commencé à éloigner les citoyens des familles avant de laisser faire par la suite. «Certains citoyens nous disent de commencer à casser et ils sont prêts à nous suivre», assure Mme Ramdane, qui refuse d'entrer dans ce jeu. «Nous ne sommes pas venus pour ça»,explique-t-elle, consciente que la récupération est aussi dans l'air dans la mesure où certains représentants associatifs y ont mis aussi dû leur dans l'espoir d'exploiter leur détresse à d'autres fins. Son fils, Fouzi Aït Ramdane, porte-parole des familles, nous informera qu'un compte Faceboook sera créé dès ce soir (hier soir, Ndlr) et une pétition sera lancée «pour la libération de nos marins otages en Somalie». D'autres actions de protestation sont également en vue, nous apprend-il. La détresse continue pour ces familles qui interpellent chaque jour le chef de l'Etat.