Même aux moments forts de la chute de Tripoli tombée entre les mains des «insurgés» libyens (les frappes de l'OTAN ayant été décisives), l'Algérie a été accusée, contre toute logique, de s'être portée au secours du colonel Mouammar El Kadhafi. Cette fois, c'est de Djoumaâ Lagmati, coordinateur du conseil national transitoire (CNT) libyen, en Angleterre, qu'est venue l'accusation tentant d'impliquer l'Algérie dans le conflit armé, lorsque l'«opposant» libyen a déclaré avant-hier dans la soirée que «l'enregistrement de l'intervention téléphonique de Mouammar El Kadhafi proviendrait, selon des interceptions, de l'Algérie ou du Tchad». En d'autres termes, le leader libyen, et selon le coordinateur du CNT libyen, serait intervenu par téléphone, à partir de l'Algérie se trouvant donc dans ce pays, selon l'accusateur. Le coordinateur qui évoquait les deux premières interventions audio faites par Mouammar El Kadhafi avant-hier, adressées à son peuple dans les premières heures de l'accès des insurgés à Tripoli, ne dira pas si les interceptions téléphoniques qu'il évoquait ont été faites par les insurgés libyens (ce qui serait fort étonnant du fait de non-disponibilité du matériel adéquat pour ce faire) ou par une puissance étrangère. Ni l'une ni l'autre des hypothèses puisque le ministère algérien des Affaires étrangères a catégoriquement démenti, au cours de la même soirée, l'information selon laquelle Mouammar El Kadhafi se serait réfugié en Algérie. Pourquoi donc Djoumaâ Lagmati a-t-il prononcé une telle accusation loin d'être innocente ? Certainement pour les mêmes desseins que pour les accusations précédentes faites à l'encontre de l'Algérie qui a refusé de prendre partie dans le conflit armé et abandonner son principe de non ingérence dans les affaires internes des autres pays et l'intervention militaire étrangère. Il y a eu, d'abord, rappelle-t-on, les accusations, de la part du même CNT, selon lesquelles «l'Algérie transporterait, à bord d'avions, des mercenaires et du matériel militaire au profit du régime de Mouammar El Kadhafi», en conflit armé avec les insurgés. La plainte déposée par le CNT, dans ce cadre, au niveau de la ligue arabe, contre l'Algérie, a été vite rejetée parce qu'il ne s'agissait que d'allégations mensongères. Aucune preuve matérielle et concrète n'a été présentée par le CNT libyen. La chaine de télévision satellitaire qatarie, Al Jazeera, un des outils de propagande dans le conflit, s'est mise de la partie, en diffusant une information, jamais prouvée, selon laquelle deux militaires libyens dissidents ont été arrêtés en sol algérien et remis par les autorités algériennes à l'armée libyenne. A l'instar des précédentes, l'allégation mensongère n'a été accompagnée d'aucune preuve matérielle concrète. Le code ISPS Face au désaveu, le CNT ne voulait pas lâcher prise, accusant, une autre fois, l'Algérie d'avoir fourni du carburant au régime de Mouammar El Kadhafi. Les allégations mensongères ne se sont pas arrêtées là. Une autre désinformation a fait état du départ d'un navire algérien, rempli d'armes, à destination de la Libye. Pour les besoins de la propagande, les auteurs de ces allégations mensongères ont omis de rappeler que l'Algérie est signataire du code ISPS initié, à la demande des Etats-Unis d'Amérique (USA), par l'organisation internationale maritime. Le code en question vise à empêcher toute éventuelle tentative d'attentat terroriste, de la part d'Al Qaida, avec utilisation de navires, à l'instar des attentats du 11 septembre, avec l'utilisation d'avions. Le code ISPS prévoit entre autres mesures, la dotation des navires en numéros d'immatriculation visibles à partir d'hélicoptères et d'avions, de façon à ce qu'ils soient identifiés et, par là, empêcher toute éventuelle intrusion de navires dirigés par des terroristes, ce qui rend impossible tout mouvement de navire, dont le prétendu navire destiné à la Libye, sans être identifié par satellites. Le mensonge n'ayant pas trop duré, le CNT revient à la charge, cette fois en évoquant, par le biais de son coordinateur, la «fuite de Mouammar El Kadhafi vers l'Algérie». Brèche dans le front sahélien contre Al Qaïda Outre le fait que le groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC ou AQMI) ait pu tirer profit du conflit armé en Libye en récupérant, selon les aveux de hauts responsables de pays participant à l'intervention militaire menée par l'OTAN, dont la France, des lots importants d'armes et munitions volés de casernes libyennes, la lutte contre l'organisation terroriste de Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, au Sahel, pourrait être sérieusement compromise. Les services de renseignements de sept ays du Sahel, dont la Libye, avaient participé à une rencontre sur la lutte contre le terrorisme, il y a quelque temps en Algérie. Le conflit armé en Libye prive donc cette coalition de l'un de ses membres, ce qui pourrait influer sur la lutte. On ignore les intentions du CNT libyen quant à cette lutte dans le cadre de cette coalition s'il venait à accéder au pouvoir, en particulier si une «alliance» est établie entre les «insurgés» libyens et les «djihadistes», comme cela n'est pas écarté par des observateurs avertis.