Publié aux éditions Rafar, l'ouvrage Histoire du cinéma, le refus d'une mise en images de Abderrezak Hellal relate le septième art algérien à travers la vision européocentriste. Dans la préface, il est signalé que si la guerre du Vietnam alimente allègrement la chronique littéraire et cinématographique, la guerre d'Algérie est mise sous le boisseau. Et c'est par une chape de plomb que se décline cette guerre d'Algérie par le biais d'une filmographie travestie et occultant la réalité de ce conflit. En première partie, Hellal interpelle ce segment de l'histoire à travers lequel les cinéastes français ont dissimulé et escamoté la réalité. Il revient sur cette approche orientaliste des paysages, des femmes et des hommes. Ce premier regard s'apparente à une vraie forfaiture et à «un travestissement d'un peuple», selon les propos de l'auteur. Ce cinéma fait l'apologie de la colonisation. A travers les films de cette époque, elle est célébrée, louée et avalisée notamment dans le film de Jean Renoir le Bled ou celui de Pierre Billon Bourrasque. Le septième art offre de l'Algérie une représentation sous un prisme déformant et tendancieux. Il y a une véritable occultation de l'Algérie, de son histoire, de ses conflits et de ses hommes. Dans la seconde partie, selon les réalisateurs français, il est question de la révolution algérienne dont l'improbabilité est certaine selon la société civile et politique relayée par les médias. De ce fait comment un cinéma peut évoluer alors que l'algérien est dominé ? L'auteur axe sur l'idée de l'inexistence d'une cinématographie autochtone. Malgré «un marché demandeur et que les salles existent à foison, il est périlleux, voire impossible pour un algérien musulman d'apprendre ou d'exercer le métier de cinéaste d'autant que le cinéma égyptien se taille la part du lion dans les années quarante et cinquante», explique Hellal. Un ouvrage bien documenté Les scénarios peu soutenus, des comédiens sans trop de talent, l'absence de réalisateurs étrangers à la culture arabo-musulmane, les moyens dérisoires, le tout contribue à rendre léthargique ce domaine. En outre, il est clair que la volonté politique de la France n'exprimait pas le développement d'un cinéma autochtone. Cet ouvrage bien documenté avec des photographies d'archives reprend avec moult détails l'histoire du cinéma lié à cette période coloniale. Abderrezak Hellal cinéaste et écrivain dont la prolifique filmographie et le nombre important de romans et de nouvelles a eu l'idée ingénieuse de cerner un secteur peu connu. Il n'a pas lésiné sur une bibliographie riche et renseignée. Ce travail de recherche permet de mieux appréhender ce thème qui n'a pas été abordé. Un livre fort intéressant que l'on devrait avoir dans nos bibliothèques.