Alors que les combats font rage et entraînent des morts et des blessés, les nouvelles autorités libyennes, sous l'égide du CNT, estiment que la victoire est proche et que les affrontements militaires pourraient prendre fin la semaine prochaine, après que leurs forces eurent férocement attaqué Syrte et Bani Walid, deux derniers bastions du dirigeant libyen déchu Mouammar Kadhafi. Le chef du Conseil national de transition (CNT), Moustafa Abdel Jalil, a estimé que la bataille à Bani Walid, à quelque 180 km au sud de la capitale Tripoli, était entrée dans «sa dernière étape», les combattants assiégeant la ville par tous les flancs. Parallèlement, un commandant du CNT dans la région a affirmé que ses combattants avaient pris le contrôle de l'aéroport de Bani Walid, qui représentait un obstacle en raison de sa géographie difficile. M. Jalil a par ailleurs confirmé les attaques ininterrompues du CNT sur Syrte, ville natale du colonel Kadhafi située à quelque 450 km à l'est de Tripoli. Le combat à Syrte est sanglant du fait que l'hôpital local a indiqué samedi qu'au moins 18 personnes avaient été tuées et environ 300 autres blessées en deux jours depuis le 7 octobre. Après avoir réussi à prendre une route clé samedi, le CNT a fait davantage de progrès dimanche en prenant le contrôle du Centre de conférence d'Ouagadougou au centre-ville de Syrte, une cible de plusieurs de jours de combats acharnés, d'un hôpital et d'une université à la principale entrée sud-est de la ville. Des pertes du CNT à Bani Walid Les combats continuent à faire des victimes autour de Bani Walid, où dix-sept combattants des forces du CNT ont été tués et on dénombre 50 blessés dans des combats contre des partisans de l'ex-Guide, a annoncé hier un responsable militaire. «Nos forces se sont retirées tard dimanche soir de l'aéroport qu'elles avaient pris quelques heures plus tôt et de positions avancées conquises dans la ville, mais il s'agit d'un repli tactique», a déclaré Salem Gheith, chef de la chambre des opérations du CNT à Tripoli. «Nous avons reçu des renforts de Tripoli et du djebel Nefoussa et allons reprendre l'offensive», a-t-il ajouté. Le commandant Moussa Younès, chef des forces du CNT à Bani Walid, avait affirmé que ses forces s'étaient emparées de l'aéroport situé dans le sud-ouest de la ville. Les forces du CNT tentent depuis plus d'un mois de progresser dans Bani Walid, une vaste oasis au relief accidenté, mais elles sont confrontées à une résistance acharnée des pro-Kadhafi et pâtissent d'un manque de coordination et de moyens. Le CNT déterminé à s'emparer rapidement de Syrte Les forces du CNT sont déterminées à prendre rapidement le contrôle de l'ensemble de Syrte, leur entrée dimanche de l'université et du centre Ouagadougou. Hier matin, sur le front nord-est où le nouveau régime contrôle une grande partie du front de mer, une colonne de dizaines de combattants du CNT, appuyés par des chars, a progressé facilement vers le sud d'environ un kilomètre. En milieu de journée néanmoins, d'intenses combats avaient lieu alors que les «révolutionnaires» s'enfonçaient vers l'ouest, dans le cœur de la ville. Ils avançaient maison par maison, essuyant des tirs de snipers, et répliquaient aux lance-roquettes et avec des armes légères. «Nous sommes déterminés à prendre Syrte aujourd'hui» (lundi), a déclaré un combattant pro-CNT, tandis que le commandant Tarek Drisa affirmait que ses troupes étaient «maintenant à moins de 1,5 km de la place centrale». Tout autour, les maisons étaient ravagées et les rues jonchées de véhicules calcinés ou criblés de balles. La stabilisation se fera sous l'égide de l'Onu L'avenir de ce pays après la fin des hostilités se déroulera, selon la Russie, sous l'égide des Nations unies. La stabilisation de la situation en Libye se déroulera à l'avenir sous l'égide de l'Onu, a annoncé hier Nikolaï Makarov, chef d'état-major général des forces armées russes, à l'issue d'un entretien avec James Stavridis, commandant des forces de l'Otan en Europe. «Si je comprends bien, tout ce qui se produit en Libye va passer sous l'égide de l'Onu qui veillera au redressement de cet Etat», a déclaré le général. La répression sanglante des manifestations a provoqué une intervention militaire internationale, suite à l'adoption de la résolution 1973 par le Conseil de sécurité de l'Onu. Entamée le 31 mars par l'Otan, la mission a été prolongée jusqu'à fin décembre. Possible arrêt des frappes aériennes de l'Otan En même temps, les Etats-Unis et leurs alliés de l'Otan envisagent de mettre un terme à leur campagne de six mois qui a appuyé les assauts des rebelles libyens sur les forces de Kadhafi. Le secrétaire américain à la Défense, Leon Panetta, a déclaré à Naples que l'Otan pesait la possibilité de cesser ses frappes aériennes, ajoutant que cela dépendrait grandement des forces terrestres du CNT dans la région. M. Panetta a présenté une orientation en quatre points pour mettre fin aux raids de l'Otan, y compris la situation à Syrte, la fin des attaques des forces pro-Kadhafi sur les civils, la fin de la capacité de Kadhafi de commander les combattants et la sécurisation du pays par le CNT. La situation humanitaire se détériore à Syrte, où des civils s'enfuient dans la panique face aux bombardements des forces du CNT et de l'Otan, et de lourds bilans de victimes ont été enregistrés côté CNT et côté loyalistes à Kadhafi. L'ONU a appelé le gouvernement de transition libyen à s'abstenir de toutes représailles une fois qu'il contrôlera la ville de Syrte, tandis que le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré qu'il croyait que les forces du CNT «feront tout leur possible pour prévenir une catastrophe humanitaire». Opération succès pour l'Otan Du côté de l'Otan, l'opération en Libye est considérée comme un succès d'autant plus remarquable que la crise économique a contraint les pays membres à tailler dans le budget de la défense. «Je suis très satisfait de la manière dont cette opération a été menée, c'est un exemple de solidarité», a indiqué le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, devant les parlementaires des 28 Etats membres et des partenaires de l'Alliance, réunis pour leur 57e session annuelle. M. Rasmussen a ajouté que la mission en Libye avait également permis de dégager des leçons importantes.