Contrairement à ce qui a été annoncé par les spécialistes en radiothérapie, le directeur du centre Pierre-et-Marie-Curie (CPMC) de l'hôpital Mustapha Pacha, Choukri Hamoum, et le professeur Kamel Bouzid, chef de service d'oncologie médicale, nient l'arrêt de la radiothérapie. Les malades atteints de cancer sont dans la tourmente devant la pénurie de médicaments et l'arrêt de la radiothérapie du CPMC. Choukri Hamoum nous a fait savoir qu'il s'agit du remplacement des vieux équipements, qui datent de plus de 15 ans, par d'autres neufs et plus performants. Il a précisé que les cas urgents sont pris en charge par l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja et ceci dans le cadre d'une convention entre les deux hôpitaux. De son côté, le professeur a déclaré, hier, à la Chaîne III de la Radio nationale que «le service de radiothérapie est dans une situation calamiteuse et ça date depuis plusieurs mois». Confirmant que même s'il n'est pas à l'arrêt, pour des raisons liées à la maintenance de certains appareils, en particulier les simulateurs, les RDV de la radiothérapie sont fixés au mois de juin 2012. Il a ajouté que «les centrages se sont arrêtés parce que les simulateurs sont en maintenance, précisant que dans 3 ou 4 semaines, ces simulateurs, au nombre de 2, vont être à nouveau fonctionnels. Il a fait savoir en outre que «les délais des traitements sont totalement inacceptables d'un point de vue médical». Par ailleurs, la détresse des cancéreux ne semble pas avoir de limites. Confrontés depuis longtemps au problème récurrent du manque de médicaments, voilà que le service de radiothérapie au CPMC fait face à un problème plus grave et se voit dans l'incapacité de recevoir les moyens avant au moins un mois, où la plupart des malades seront morts. Le professeur a indiqué que le problème ne concerne pas uniquement le CPMC, c'est une situation qui concerne aussi les autres centres de radiothérapie du pays à l'exception de celui de Blida. Il faut noter que ce dernier ne pourra en aucun cas prendre en charge tous les patients. «Le problème a été soulevé au niveau des autorités. Il a été pris en compte puisque, aussi bien le ministre de la Santé que le président de la République ont engagé un plan d'acquisition des équipements», a souligné le professeur Bouzid. Il a ajouté que «le plan d'acquisition d'équipement ne sera complet qu'en 2014 puisqu'un appel d'offres a été lancé par le ministre de la Santé pour l'acquisition de 57 accélérateurs et la réalisation, en cours, de certains centres dont certains centres seront prêts dès le premier semestre 2012. Entre-temps, il y a des milliers de patients qui n'auront pas leurs traitements de radiothérapie dans les délais raisonnables». Lors de notre tournée, dimanche, au service concerné, il nous a été précisé que les équipements coûtent des milliards de dinars. La rupture du médicament est cyclique Le professeur Bouzid a indiqué, concernant cette situation, qu' «il y a beaucoup de facteurs dont l'un est lié aux professionnels de la radiothérapie». Les rendez-vous de la radiothérapie sont déjà enregistrés jusqu'au mois de juin 2012, précisant qu'un malade atteint du cancer ne peut pas rester 6 mois sans traitement alors que le plus grave, selon des associations, est que «80% des malades absents au RDV sont déjà morts». Ce drame n'est, malheureusement, pas nouveau, explique le professeur, affirmant que c'est une triste réalité. Par ailleurs, le professeur a affirmé que 20 000 cancéreux algériens meurent chaque année faute de soins. Alors que les équipements font défaut, le ministre du Travail et de la Protection sociale leur refusent des soins à l'étranger. En revanche, les nantis du système peuvent se faire soigner à Val de Grâce, à Paris. «Sur les 44 000 nouveaux cas de cancer par an, 28 000 ont besoin de traitement par radiothérapie. Or seulement 8 000 sont pris en charge, les autres meurent car les structures, les équipements et les médicaments font défaut», ajoute le professeur. «Le ministère du Travail dit que ce problème ne le concerne pas. Avant 1994, les cancéreux étaient pris en charge à l'étranger», souligne-t-il. Le ministère du Travail oppose son veto au transfèrement des malades vers l'étranger au motif que les soins sont disponibles en Algérie. M. Bouzid a également indiqué que les pénuries de médicaments pour le traitement du cancer sont cycliques. A titre d'exemple : «En 2010, j'ai fait une commande de 32 000 flacons pour mon service au CPMC, la pharmacie n'en a commandé que 10 000. Cela ne peut pas marcher comme ça.» Le professeur a indiqué qu'il y a des mesures vigilantes à prendre car il faut impliquer la Sécurité sociale pour deux actes, à savoir la nomenclature des actes professionnels, car la Sécurité sociale ne rembourse que 10% à 20% des tarifications des actes de chirurgie et la radiothérapie, a-t-il conclu.