Au-delà du rejet de sa suspension sur la forme par le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs, le 19 octobre, Me Boudiaf monte au créneau et menace le bâtonnier de poursuites judiciaires. Au vu du caractère gravissime de cette affaire, Me Lenouar, bâtonnier national, au terme de la tenue du conseil national, «s'apprête à transmettre le dossier à un autre bâtonnat pour traitement». Suite aux articles parus dans les journaux concernant cette affaire et qui mettent en exergue le caractère arbitraire de la suspension, le bâtonnier, usant de son statut au sein du Conseil de l'ordre des avocats, a convoqué Me Boudiaf et d'autres avocats «afin de donner des explications sur le contenu des articles en question». Alors que le Conseil de l'ordre s'apprêtait à traduire Me Boudiaf devant une commission disciplinaire (pratique inexistante au sein de cette corporation, selon des doyens), ce dernier, qui s'estime «victime d'un parti pris de la part du bâtonnier», a adressé une correspondance des plus virulentes au bâtonnat par la voie d'un huissier de justice (missive refusée par Me Sellini après avoir pris connaissance du contenu), et dans laquelle il relève que «cette affaire qui est devenue une affaire personnelle et dans laquelle il devient victime, le bâtonnier d'Alger use et abuse de son statut pour faire plaisir et satisfaire les caprices de Chaoui Chahrazed, une de ses anciennes clientes, actuellement poursuivie pour menaces et injures, et une de ses complices qui s'est vantée publiquement et en présence de Me Sellini et des membres du conseil, d'avoir le pouvoir de soudoyer tous les avocats». A ce propos, et selon une source très proche du conseil, «un des membres de cette instance a confirmé les faits (présence illégale de Chaoui en commission et ses propos déplacés) dans une déclaration officielle». Par ailleurs, Me Boudiaf rappelle au bâtonnier que «faisant l'objet d'une plainte, vous ne pouvez, par voie de conséquence, être juge, partie et victime à la fois». Sur ce volet, il invite le bâtonnier à «exposer le problème conflictuel qui nous oppose à un autre bâtonnat», conformément à l'article 124 du règlement intérieur régissant les activités de la confrérie des avocats. A ce sujet, Me Lenouar, bâtonnier national, affirme «être sur le point de transmettre le dossier à un autre bâtonnat, lequel devra ouvrir une enquête et trancher», indiquant que «cette décision doit être prise à l'issue de la réunion des membres de l'Union». Il est à rappeler que durant les jours précédents, Me Sellini a, sur les colonnes de Sawt El Ahrar, porté de graves accusations à l'adresse de Me Boudiaf en affirmant que «ce dernier est impliqué dans plusieurs affaires, mais le Conseil de l'ordre a évité de transmettre au niveau du tribunal civil, car il est poursuivi pour faux». De son côté, Me Boudiaf affirme que «les propos avancés par le bâtonnier sont mensongers et dénués de fondement». Ajoutant : «Je le défie de prouver ses propos.» Se sentant diffamé par les propos attentatoires du bâtonnier d'Alger, Me Boudiaf entend «introduire une action en justice civile contre le bâtonnier d'Alger». Par ailleurs, il est à s'interroger sur le devenir des diverses plaintes pour «corruption» formulées par ce dernier et adressées à divers niveaux, notamment au ministre de la Justice, garde des Sceaux. Me Sellini, que nous avons tenté de contacter, n'a pas daigné répondre à nos appels. Pour l'heure, Me Boudiaf est déterminé à aller au fond des choses et entend «défendre son intégrité et sa dignité à n'importe quel prix».