Le chef de la diplomatie française Alain Juppé s'est dit mercredi «optimiste» après les élections en Tunisie, tout en conditionnant l'aide du G8 à ce pays au respect des valeurs démocratiques. «Nous allons mettre en place une aide économique massive à la Tunisie», a déclaré Alain Juppé sur France Inter, rappelant que le G8, réuni fin mai à Deauville, s'y était engagé. «Naturellement, cette aide, nous l'apporterons dans la mesure où les lignes rouges ne seront pas franchies. Je pense que c'est important d'avoir cette conditionnalité», a déclaré M. Juppé. Le respect de l'alternance démocratique, des droits de l'homme, de l'égalité hommes-femmes font partie de ces lignes rouges, a-t-il détaillé. En matière d'égalité entre les sexes, «la société tunisienne est très évoluée et il serait absolument dommageable qu'on fasse marche arrière. Donc on va être très vigilants et nous avons les moyens d'exprimer cette vigilance», a dit le ministre. Outre la Tunisie, ce «partenariat de Deauville» concerne aussi l'Egypte, le Maroc et la Jordanie. «Mais moi, a-t-il poursuivi, je vais être optimiste sur la Tunisie. On ne va pas se plaindre qu'il ait eu des élections. (...) Il y a eu des élections libres, il n'y a pas eu de tricherie (...) et le peuple tunisien s'est exprimé. Nous devons respecter ce suffrage». «Il y a des forces démocratiques en Tunisie qui vont se développer, s'organiser», a-t-il donné comme raison d'espérer. «Et puis il ne faut pas stigmatiser en bloc les Frères musulmans ou les partis islamiques, ce n'est pas le diable. Il y a parmi eux des gens qui sont des extrémistes et ça on n'en veut pas. Mais il y a des gens tout à fait modérés», a affirmé Alain Juppé. Le modèle turc de l'AKP, le parti gouvernemental de la justice et du développement, «qui se réfère à l'Islam mais qui respecte les grandes règles du jeu démocratique, est aujourd'hui (celui) que suivent les Tunisiens et qu'invoquent même les Libyens», a-t-il souligné. «Tout est risqué dans une révolution mais je crois qu'il faut faire confiance et être vigilants», a-t-il redit.